
On les aime, bien sûr, on les respecte. Ils sont nos parents. Ils ont construit la France d’aujourd’hui, avec ses forces et ses faiblesses. Ils pensaient, sans doute un peu naïvement, que leurs enfants bénéficieraient du paradis sur terre qu’ils étaient en train de bâtir…
Un monde où l’intérêt général passerait avant l’intérêt particulier. Ils avaient en tête « solidarité », « idées de gauche », lorsqu’ils réclamèrent, pour tous, la retraite à 60 ans… Et ils étaient sincères ! Ils pensaient que le “Grand-Capital” paierait…
La retraite à 60 ans fut-elle une mesure de gauche ?
MITTERRAND avait les mêmes idées en tête lorsque, en 1982, il réalisa leur souhait. Les avaient-ils vraiment ?
Était-ce vraiment de la solidarité ? Était-ce vraiment une “idée de gauche” ? Michel ROCARD, alors ministre au plan, se posa déjà la question, entraînant dans son scepticisme Jaques DELORS.
1982. Nous étions après le second choc pétrolier (1979). La période heureuse de l’abondance était terminée depuis longtemps (1974). Le chômage, inconnu ou presque jusqu’à lors, commençait à faire son apparition. Les pays européens rangeaient déjà les tables, les confettis et les cotillons : partout on prenait le virage de la rigueur. Partout, sauf en France… Car en France, on venait (1981) d’élire un président socialiste (François MITTERRAND), un président qui avait beaucoup promis pendant la campagne et, notamment (sa 82ème proposition), la retraite à 60 ans pour les hommes et à 55 ans pour les femmes. Pour mettre en musique son programme, le Président de gauche nomma Pierre MAUROY, premier ministre, un homme du nord marqué par la dureté de la condition ouvrière : “J’ai des souvenirs de cette époque. La France était plus ouvrière encore qu’elle ne l’est aujourd’hui et nombre d’emplois étaient manuels. Je revois ces ouvriers venir me voir, comme ils allaient voir leurs élus, pour dire : Je ne peux plus avancer. » En effet, l’espérance de vie ouvrière, à l’époque, n’était que de 65 ans ! Ils étaient morts avant de pouvoir bénéficier du premier centime de retraite. On appelait ça “la retraite des morts”. Leur revendication d’un départ à la retraite à 60 ans était bien légitime.
Pourtant, les démographes étaient unanimes : baisser l’âge de la retraite à 60 ans conduirait, à court terme, à déséquilibrer son financement, basé sur le principe de la répartition. Les actifs, bientôt, ne seraient plus assez nombreux pour financer les pensions des passifs.
2013. Nous y voilà. Nous sommes dans les prédictions des démographes de 1982. Les baby-boomers sont à la retraite et sont pléthores, comme prévu… Ils vivent bien et longtemps, comme prévu… Le financement de leurs pensions, non-réfléchi par l’équipe MITTERRAND, n’est (comme prévu) plus possible, sauf à mettre à contribution :
- la génération suivante qui sera contrainte de travailler plus longtemps et à cotiser plus ;
- les entreprises qui devront également payer plus de charges.
Le coût du travail, plombé par tes charges, augmente donc mécaniquement. L’accès des jeunes à l’emploi se complique : Le travail devenant trop cher, les entreprises délocalisent et le chômage augmente encore, faisant peser le fardeau sur de moins en moins d’actifs. On n’en sort pas.
Et c’est là que se pose la question : la retraite à 60 ans était-elle bien une idée de gauche ? Peut-on considérer que Financer le bien-être d’une génération par la génération suivante entre dans la colonne « solidarité ?
Les baby-boomers
Ils sont nés après la guerre. Ils ont connu les trente glorieuses, une période de croissance continue (5.1 % entre 1947 et 1974). Le chômage était alors aux alentours de 1 %. Bénéficiant d’une inflation galopante (qui touchait à la fois les salaires et les prix), ils ont pu investir à bons comptes dans l’immobilier. La déduction des intérêts d’emprunt était alors en vigueur, ce qui facilitait encore un peu plus l’accès à la propriété. Aujourd’hui, l’essentiel du parc leur appartient, parc qu’ils vendent ou louent à prix d’or à la génération suivante, devenue incapable de se loger, sauf à s’endetter sur plusieurs siècles. La génération MITTERRAND, bercée par les idées socialistes de partage des richesses, semble avoir oublié ses idéaux.
En 1979, les revenus des
- 35-39 (les baby-boomers) étaient de 6 % supérieurs à la moyenne nationale ;
- des plus de 65 ans (leurs parents) inférieurs de 4 %.
En 2005, les revenus des
- 35-39 (les enfants des baby-boomers) étaient de 7 % inférieurs à la moyenne nationale ;
- des plus de 60 ans (les baby-boomers) supérieurs de 6 %.
La génération, qui a fait 1968, voulait « jouir sans entraves ». Pour que cette génération puisse réaliser son vœu jusqu’à la mort, il n’existe que deux solutions (on oubliera d’entrer la baisse des pensions qui reviendrait à baisser leur niveau de vie) :
- augmenter les cotisations des actifs (les enfants des baby-boomers) ;
- augmenter la durée de cotisation de ces mêmes actifs pour diminuer, à moyen terme, l’effectif des pensionnés…
On entend souvent deux types d’argument.
- « Oui ! Mais les retraités consomment ! » Ah ? Ils ont bien de la chance…
- « Oui ! Mais de toute façon, il n’y a pas de boulot pour tout le monde ! » On oublie ici que le chômage est lié à la délocalisation. Du travail, il y en a, mais ailleurs… Parce qu’il est moins cher. Parce qu’il n’est pas plombé par la question du financement des retraites, ou des 35 heures…
- “Oui ! Mais ils ont cotisé !” Ils ont cotisé pour leurs parents, qui étaient moins nombreux et déjà morts.
- “Oui ! Mais. Ils aident leurs enfants”. Avec quel argent ?
Les baby-boomers et l’inflation
Ils n’aiment pas l’inflation. L’inflation fait fondre le capital et les pensions. Pourtant, ne permet-elle pas, si elle est contrôlée, de relancer l’économie en améliorant la compétitivité des entreprises ? Ne permet-elle pas ainsi l’accès au marché du travail des jeunes ?
Les Baby-boomers et l’Euro
Ils ont toujours aimé l’Euro. Pourquoi ? Un peu pour les mêmes raisons : avec la création de l’Euro (sous et avec l’impulsion de MITTERRAND), la BCE s’est vue confiée (par les baby-boomers) une mission essentielle : la lutte contre l’inflation. N’érodons surtout pas le capital ! Et tant-pis si notre économie en soufre tant…
Martine AUBRY défend l’héritage MITTERRAND
Réagissant à l’intervention du président SARKOZY qui dénonçait les méfaits de la retraite à 60 ans, Martine AUBRY qualifia de « scandaleuse » l’attitude consistant à critiquer la politique d’un mort (MITTERRAND était en effet décédé depuis 15 ans) ! L’argument paraît bien faible ! Une bêtise ne l’est plus si son auteur est mort ? Voilà ce que Karl POPPER aurait appelé « la vaccination d’une théorie ». Elle devient inattaquable, infalsifiable. Même si les faits disent le contraire.
Jean GLAVANY aussi
L’argument avancé par Jean (que j’adore par ailleurs) est amusant « Les millions de gens qui sont partis dès 60 ans nous remercient encore ! » Voilà des gens à qui on offre des vacances. Pourquoi ne seraient-il pas contents ?
Et François HOLLANDE ?
Même puissance dans l’argumentation : « les retraités ont vécu ça comme une grande avancée. » Là aussi, l’argument parait faible. Imaginons que nous avons deux bonbons et trois copains. Forcément, l’un d’entre-eux n’est pas servi et se plaint. On lui explique, pour le consoler, que les autres sont contents. Voilà qui devrait le consoler.
Et Michel ROCARD ?
Michel ROCARD encore récemment décrivait le climat de l’époque : « La retraite à 60 ans s’est faite en 1981 ou en 1982, à un Conseil des ministres. Tous les ministres compétents en économie, Jacques DELORS, moi et quelque-uns, nous étions catastrophés, nous savions très bien que cette mesure n’était pas compatible avec l’évolution de la démographie française ».
La question reste donc ouverte : la retraite à 60 ans fut-elle une mesure de gauche ou un argument électoral ?
Je ne dis pas qu’il a tort sur toute la ligne mais : – l’argument de l’espérance de vie de la population ouvrière a qui on ne manque jamais de promettre que "ça va s’arranger à moyen terme mais que bon pour le moment il faut faire des sacrifices" me parait valable, – l’analyse du transfert des richesses vers les générations suivantes mériterait d’être faite, parce que les babyboomer n’ont quand même pas passé leur temps à endetter leurs enfants, ils ont aussi produit des richesses et permis l’évolution du pays dans des tas de domaines que le taux de croissance ou les statistiques purement économiques ne mesurent pas, – l’évolution de la société en matière de consommation et d’éducation mériterait aussi d’être analysés. Autrement dit il existe une multitude d’aspects qui sont passés sous silence au profit d’une théorie simpliste des méchants babyboomer qui ont ruiné leurs enfants. Il faudrait dans ce cas faire la liste de ceux qui creusent les déficits, on s’y trouve sûrement. De combien faut-il baisser leur salaire ? Faut-il virer les fonctionnaires inutiles ? sans parler des patrons, des riches, des chomeurs, des fainéants, des improductifs, bref c’est en allant au bout de telles logiques qu’on a l’impression d’être juste mais qu’on fout en l’air une société où tous le monde se déteste, personne ne veut plus d’un avenir commun parce que chacun se considère spolié par tous les autres. Les babyboomers ont profité de la situation légalement. Si à l’époque les lois n’étaient pas clairvoyantes, il est trop tard pour les reproches, il faut s’en sortir tous ensemble. Pour le seul problème des retraite, je pense que l’allongement des carrières en fonction de la pénibilité mesurée par l’espérance de vie des catégories professionnelles serait mieux que de baisser les retraites, fortes ou faibles, qui porterait un coup fatal à la confiance et à la croissance. Cela permettrait de rétablir une égalité en terme de durée de non activité en fin de vie.
Je ne dis pas qu’il a tort sur toute la ligne mais : – l’argument de l’espérance de vie de la population ouvrière a qui on ne manque jamais de promettre que "ça va s’arranger à moyen terme mais que bon pour le moment il faut faire des sacrifices" me parait valable, – l’analyse du transfert des richesses vers les générations suivantes mériterait d’être faite, parce que les babyboomer n’ont quand même pas passé leur temps à endetter leurs enfants, ils ont aussi produit des richesses et permis l’évolution du pays dans des tas de domaines que le taux de croissance ou les statistiques purement économiques ne mesurent pas, – l’évolution de la société en matière de consommation et d’éducation mériterait aussi d’être analysés. Autrement dit il existe une multitude d’aspects qui sont passés sous silence au profit d’une théorie simpliste des méchants babyboomer qui ont ruiné leurs enfants. Il faudrait dans ce cas faire la liste de ceux qui creusent les déficits, on s’y trouve sûrement. De combien faut-il baisser leur salaire ? Faut-il virer les fonctionnaires inutiles ? sans parler des patrons, des riches, des chomeurs, des fainéants, des improductifs, bref c’est en allant au bout de telles logiques qu’on a l’impression d’être juste mais qu’on fout en l’air une société où tous le monde se déteste, personne ne veut plus d’un avenir commun parce que chacun se considère spolié par tous les autres. Les babyboomers ont profité de la situation légalement. Si à l’époque les lois n’étaient pas clairvoyantes, il est trop tard pour les reproches, il faut s’en sortir tous ensemble. Pour le seul problème des retraite, je pense que l’allongement des carrières en fonction de la pénibilité mesurée par l’espérance de vie des catégories professionnelles serait mieux que de baisser les retraites, fortes ou faibles, qui porterait un coup fatal à la confiance et à la croissance. Cela permettrait de rétablir une égalité en terme de durée de non activité en fin de vie.
Intéressant en effet même s’il y a quelques dérives "droitières" : – lorsque Mauroy a abaissé l’age de la retraite de 65 à 60 ans, décision reprochée par l’auteur, l’espérance de vie d’un ouvrier était inférieure à 65 ans, celle d’un cadre supérieure. Autrement dit les ouvriers payaient en partie la retraite des cadres, – le fait que les plus de 50 ans possèdent un peu plus que les plus jeunes peut s’expliquer même s’il est sûrement vrai que les rapports ne sont pas normaux. L’évolution des mentalités, la création d’une société de loisirs et de consommation à outrance n’y est peut-être pas non plus complètement étrangère, – il ne pose pas la question de l’héritage. Si les dettes doivent être payées par les nouvelles générations, n’oublions pas que la richesse des babyboomers va progressivement être transférée à leurs enfants. L’auteur de l’article n’est peut-être pas guidé par le ressentiment comme il s’en justifie mais par la volonté de faire un papier que nous autres bobos trouveront intéressant parce qu’il explique de façon simple un problème compliqué en stigmatisant une partie de la population.
De l’argent, il y en a !
Il est possible de faire autrement L’augmentation de l’espérance de vie ne date pas d’aujourd’hui. Par le passé, elle s’est accompagnée d’une diminution du temps passé au travail et d’une amélioration du niveau de vie, grâce à un partage de la richesse produite. C’est à nouveau la voie à suivre. Pour augmenter le volume des cotisations sociales, il faut en finir avec l’austérité, relancer l’emploi par une réduction du temps de travail, une sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu, une augmentation des minima sociaux, une politique audacieuse d’investissement en matière sociale et écologique. Une voie supplémentaire, toujours négligée, pour répondre au besoin de financement des retraites, est la réalisation de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, à la fois par l’accroissement du taux d’activité des femmes, la suppression des inégalités salariales et la lutte contre le temps partiel subi. Il s’agit là de choix politiques de justice et de solidarité. Il y a plus de retraité-es ? A moins de décréter leur paupérisation, il est normal de financer leurs retraites en augmentant leur part dans la richesse produite. Selon le Conseil d’orientation des retraites, il faudrait, à législation inchangée, un point de PIB supplémentaire en 2020 pour équilibrer le système de retraite alors que la part des salaires a chuté d’environ 6 points au cours des dernières décennies en faveur des dividendes.
La voix de la CGT a propos du financement Pour garantir de bonnes retraites, il est nécessaire de dégager des ressources nouvelles. Cela passe d’abord par le développement économique, et en premier lieu par le développement de l’emploi stable et qualifié. Pour ce faire, la CGT a des propositions précises pour financer la protection sociale et en particulier les retraites tout en favorisant l’emploi et l’augmentation des salaires. Nous proposons : Une modulation des cotisations employeurs Actuellement, les entreprises ont toutes le même taux de cotisations sociales, quel que soit leur secteur d’activité et leur comportement à l’égard de l’emploi. Total paye le même taux de cotisation qu’une petite entreprise du bâtiment, alors que les salaires représentent 40% de sa valeur ajoutée dans le premier cas et plus de 75% dans le second. De même, une entreprise qui crée des emplois stables et qualifiés cotise au même niveau qu’une entreprise qui ne cesse de licencier, multiplie les CDD et les contrats d’intérim. C’est pourquoi nous proposons que le taux de cotisation dépende à la fois de la part des salaires dans la valeur ajoutée : une entreprise dans laquelle cette part est élevée cotiserait proportionnellement moins qu’une entreprise dans laquelle cette part est faible. De même, une entreprise qui développe l’emploi cotiserait moins qu’une entreprise qui multiplie les licenciements et développe les emplois précaires. Une remise en cause des exonérations de cotisations sociales Actuellement, une entreprise qui recrute un salarié au SMIC ne paye aucune cotisation patronale (à l’exception de la cotisation accidents du travail), puis le niveau d’exonération décroît jusqu’à 1,6 SMIC. Ce système favorise les « trappes à bas salaires » : les entreprises sont incitées à recruter des salariés mal payés et sont dissuadées d’augmenter les salaires et de développer les qualifications de leurs salariés. En lien avec la proposition précédente, nous proposons de supprimer ces exonérations qui s’élèvent à près de 30 Mds C par an. Faire cotiser les salariés sur l’ensemble de leur rémunération Actuellement, l’intéressement, la participation, et plus généralement ce qu’on appelle l’épargne salariale ne sont pas soumis à cotisations. Cela implique que ces éléments de rémunération ne permettent pas d’acquérir des droits à retraite (c’est aussi le cas d’une grande partie des primes des fonctionnaires). Nous proposons qu’ils soient soumis à cotisations dans les mêmes conditions que les salaires, et qu’ainsi ils comptent pour la retraite. Créer une contribution sociale sur les revenus financiers des entreprises Alors que les dividendes ont explosé (ils sont passés depuis les années 1980 d’environ 5% de la valeur ajoutée à environ 25%) et que le coût du capital pèse lourdement sur le développement économique, ils ne contribuent en rien au financement de la protection sociale (en revanche, les salariés et les retraités payent la CSG sur les revenus de leur épargne et leur patrimoine). Nous proposons de créer une contribution sociale assise sur les revenus financiers des entreprises (intérêts et dividendes). Si cette contribution était au même taux que les cotisations sociales, elle permettrait de dégager 20 à 30 Mds C par an pour financer les retraites et la protection sociale.u L’égalité salariale femmes-hommes rapporterait plus de 10 Mds C par an dès 2020 Dans l’hypothèse d’une progression vers l’égalité salariale femmes-hommes que tout le monde appelle de ses vœux, c‘est au moins 5 Mds C de ressources supplémentaires pour les retraites dès 2015 et plus de 10 Mds C en 2020.
« Coût du travail » ou coût du capital ? Pourquoi la CGT conteste l’approche en termes de « coût du travail » Cette notion n’est évidemment pas innocente. Elle est principalement utilisée pour expliquer le déficit de “compétitivité” de la France. Notre première objection est que le travail est d’abord producteur de richesses. Cette caractéristique fondamentale est volontairement reléguée au second plan pour n’évoquer que le volet « coût ». Ce « coût du travail », qui représente le salaire dit super-brut (salaire brut + cotisations dites patronales), est donc présenté comme grevant la « compétitivité » des entreprises, en particulier du fait du poids de ce que la partie patronale appelle les « charges sociales ». Ce poids est considéré comme trop élevé et on voit bien que la réduction de ces cotisations est un objectif premier du Medef. Des comparaisons qui démentent le discours ambiant Des comparaisons avec l’Allemagne sont abondamment évoquées, mais toujours en omettant l’essentiel s’agissant en particulier du sujet compétitivité. Dans le secteur de l’automobile, le « coût du travail » est plus élevé en Allemagne qu’en France (dans ce secteur, le coût du travail allemand est supérieur de 30% au coût français), or l’industrie automobile allemande est plus compétitive que l’industrie automobile française. A l’évidence, cette situation est liée à bien d’autres facteurs que le seul « coût du travail ». En matière de coût du capital, peu d’éléments sur la place publique. Il est très difficile d’obtenir des informations publiques sur ce que représentent les dividendes et plus généralement la rémunération du capital, c’est-à-dire son coût. Et pour cause ! En trente ans, la masse salariale des entreprises a été multipliée par 3,6 alors que la somme des dividendes versés aux actionnaires a été multipliée par 20. Ce constat est le produit de la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée (mesure de la richesse crée par l’entreprise) des années 1980 (de 75 % en 1982 à 68 % en 2011), ainsi que d’un partage secondaire de la valeur ajouté au profit de la rémunération du capital (principalement dividendes). Évolution de la part des salaires dans la valeur ajoutée 1950-2010 (en %) Source : rapport Cotis Plus de dividendes et moins d’investissements Cette évolution s’est faite notamment au détriment des investissements productifs, et de la recherche-développement, en particulier dans l’industrie. C’est là une des principales raisons du déficit de compétitivité de la France. Autre aspect peu évoqué, les exonérations de cotisations sociales qui sont aujourd’hui supérieures à 30 milliards d’euros, font l’objet d’une compensation par l’impôt. Il en résulte que ces 30 milliards d’euros ne sont plus disponibles pour les politiques publiques et que cela a des conséquences non négligeables sur la compétitivité de la France. Le crédit d’impôt de 20 milliards d’euros décidé dans le cadre du pacte de compétitivité, ne fait qu’aggraver cette situation. Enfin, cette exigence de rémunération toujours plus élevée du capital s’est traduite par des pratiques très agressives des grandes entreprises vis-à-vis de leurs fournisseurs, avec des exigences de réduction des coûts le plus souvent insupportables pour ces entreprises sous-traitantes. Dans bien des cas, cela s’est traduit par des délocalisations et une perte de qualité qui en retour ont induit une baisse de croissance. C’est bien le coût du capital qu’il faut réduire La CGT considère que le niveau de la « compétitivité » actuel de la France peut être significativement améliorée en s’attaquant à la financiarisation, c’est-à-dire en réduisant le niveau de rémunération du capital et dans le même temps en revalorisant le travail, en particulier en augmentant sa part dans la valeur ajoutée (salaires, protection sociale).