Le bac philo du petit-père COMBES : La justice et le droit

2014 margeriaz 010.jpgLorsque l’on s’intéresse à l’étymologie latine des deux termes, il semble que “justice” et “droit” soient confondus.

Et pourtant… Comme nous le verrons, cela n’est pas souhaitable.

 Bac Philo : La justice et le droit

Lorsque l’on s’intéresse à l’étymologie latine des deux termes, il semble que “justice” et “droit” soient confondus. Et pourtant… Comme nous le verrons, cela n’est pas souhaitable.

Le droit, au sens moderne du terme, est l’ensemble des normes (des lois, des décrets, des arrêtés ministériels ou préfectoraux,…) qui organisent la vie en société. Il est donc unique dans une société donnée.

La justice peut prendre deux sens différents :

  1. le premier, que je laisserai volontairement de côté, est l’instrument politique chargé de contrôler le respect du droit par les individus ; il regroupe les tribunaux, les juges, les procureurs et toute la clique enrobée ; il arrive donc après l’installation du droit ;
  2. le second est synonyme d’idéal, de valeur, de vertu et même de vertu morale. Il est pour chacun, ce qui est légitime de manière absolue. Une société est composée d’individus ayant des histoires différentes et donc des définitions de la justice différentes. Il est souhaitable d’ailleurs que cette liberté de conscience soit garantie. que. On peut ainsi trouver dans la même cité des individus mettant au-dessus de tout ​la bienfaisance ; ou le respect des anciens et des coutumes ; ou la liberté ; ou la libre-entreprise ; ou l’égalité ; ou la primauté donnée à la nature… Si l’on souhaite des règles de vie en communauté, il est donc nécessaire de faire un tri dans cette nasse d’idéaux et de justice. Ces règles de vie (le droit) sera alors établi sur le le plus grand dénominateur commun des idéaux de justice, reconnu par tous (par la mécanique de la démocratie). On le voit donc, la définition de la justice au sein d’un groupe intervient avant la définition du droit.

Comment définir la justice ?

La première étape consiste donc à définir correctement la justice. Quelles sont les réponses données par l’histoire ?

Une des réponses fut redoutable. Elle consista à confondre justice et droit dans une définition commune : un individu, ou un groupe d’individus s’arrogèrent le droit de définir une fois pour toute (et pour tout le monde) la justice ; la loi n’est alors qu’une transcription administrative de cette définition (via des directives qu’il n’est pas nécessaire de discuter dans un cadre parlementaire puisque découlant d’un principe unique, une vérité absolue : on ne discute pas la vérité (par exemple : il fait beau), on la constate. On trouve ce schéma dans :

  • les dictatures où, en règle générale, un individu (HITLER par exemple) commence par établir un recueil (Mein Kampf) de ce qui est juste (et surtout vrai) à ses yeux. Si l’individu obtient le pouvoir, il transcrit son recueil en termes législatifs en se passant de toute opposition et de toute discussion parlementaire (encore une fois une vérité ne se discute pas). Loi et justice sont confondus ; la justice, telle que définie dans Mein Kampf, est établie sur la loi naturelle : la loi du plus fort, celle qui est à l’oeuvre dans la nature. Elle est donc incontestable car émanant d’un principe supérieur à l’individu (la Nature). Nul n’est donc besoin de la justifier. A noter que l’URSS souffrit du même mécanisme, à ceci prêt que le diseur de vérités justes (Marx) ne fut pas l’individu (ce fut Lénine puis Staline) qui les mit en musique administrative. La vérité tirait sa légitimité, dans cet exemple, de la science incontestable de Marx et ne pouvait donc pas être mise en cause : pas d’opposition, pas de parlement… La Pravda se traduit à cet égard par : la vérité.
  • les théocraties : le schéma est le même. Un recueil (la Bible, La Torah, le Coran,…) définit les idéaux de justice et organise également la vie en société. Inutile de contester ces idéaux puisqu’ils sont définis par une entité supérieure à l’individu (Dieu) et donc hors de son champ de compréhension. Les tribunaux sont saisis si un écart est constaté par rapport au dogme, l’individu étant de toute façon coupable.

Une autre façon de définir la justice fut traditionaliste. Montaigne, mais aussi La Boétie virent dans les traditions, l’habitude, la coutume, la source de la justice. Montesquieu ne dira pas différemment. Chacun obéit car on n’a toujours fait ainsi.

Kant donna également sa proposition : ses principes de justice deviennent des impératifs catégoriques (ne pas faire de mal à son prochain, par exemple), fondés sur la morale des Lumières et à l’origine (entre autres) de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789). Il ne s’agit, en l’occurrence, que des grands principes chrétiens (mais sans Dieu).

Nous sommes encore dans ce schéma.

  ROUSSEAU l’anti-HITLER

Hitler, nous l’avons vu, fonde la justice sur la loi naturelle : le droit du plus fort à opprimer le faible. Mais Rousseau constate que

Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme pas sa force en droit et l’obéissance en devoir.

Le droit du plus fort n’est pour lui pas une loi, mais un fait, pour ne pas dire un tort de la nature qu’il convient de redresser, car il conduit à un état de guerre permanent ! Son contrat social vise à garantir la paix et la sécurité de tous en exigeant des plus forts de renoncer à leur “droit” du plus fort et, en échange, de leur procurer la sécurité que confère le groupe.

En bref

Il est légitime, en conséquence, que droit et justice ne soient pas confondus. La justice doit être située au-dessus et servir de socle pour bâtir le droit.

Puisqu’elle est multiple, dépendant de l’histoire de chacun, elle doit être discutée. Le débat publique consiste à s’accorder sur le plus grand diviseur commun. C’est sur ce consensus que grandira le droit.

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