VOLTAIRE, DIEUDONNE et la liberté d’expression

DIEUDONNE est manifestement un type plein de haine, la bouche nauséabonde pleine d’insultes, pas drôle, qui utilise sa notoriété malsaine

 

DIEUDONNE est manifestement un type plein de haine, la bouche nauséabonde pleine d’insultes, pas drôle, qui utilise sa notoriété malsaine cabu sur Dieudonné pour véhiculer un message raciste. Il n’est qu’un militant de la cause anti-sémite, un révisionniste, qui se fait passer pour un saltimbanque, un beauf à la CABU (comme aurait dit RENAUD), qui se cache derrière un masque de clown. Il n’est pas défendable. Il mérite quelques coups de pied au cul. Il est l’anti-culture incarnée !

Mais nous sommes dans le pays de la liberté d’expression. Alors ? Cette liberté est-elle intégrale ou y a-t-il des bornes ? Existe-t-il des limites que l’on ne peut dépasser ? La liberté des uns doit-elle s’arrêter lorsqu’elle insulte celle des autres ? L’affaire Charlie remet cette question au-dessus du panier.

La liberté d’expression

D’où vient cette idée merveilleuse que l’on trouve notamment déjà chez VOLTAIRE (donc dès le XVIIIème siècle en France) ?

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » Voltaire

Tout commence (comme souvent : voir l’article sur la laicité) par la déclaration du 26 août 1789 universelle des droits de l’homme et du citoyen qui, dans son article 11, dispose que

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Nous avons donc bien ici une limitation. Il faut allers puiser dans la Convention européenne des droits de l’homme et du citoyen pour en savoir plus : « L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire. » Nous y voilà donc. La liberté d’expression a bien ses limites Quelles sont ces limites que DIEUDONNE franchit et que Charlie respecte ? 1. l’injure et la diffamation La loi prévoit de sanctionner : 1. la diffamation et l’injure 2. les propos appelant à la haine On voit ici toute la difficulté de l’exercice qui consiste à identifier la limite entre caricature et l’injure. Aussi la loi précise-t-elle que l’apologie de crime (notamment contre l’humanité), l’homophobie, les propos racistes doivent être clairement sanctionnés. Et le WEB ? Après se pose la question des éditeurs du WEB et notamment des plateformes de mise en ligne de vidéos (à titre d’exemple la vidéo de CULIBALY était un appel au meurtre et entrait donc dans la catégorie des propos sanctionnés par la loi). Quelle est dans ce cas la responsabilité de DAILY-MOTION (puisque c’est l’éditeur qui a été choisi) ? Là aussi on se heurte à une question difficile puisque, depuis la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, en France « L’imprimerie et la librairie sont libres ». Comme la loi est bien faite (et une loi qui dure depuis plus d’un siècle est forcément une bonne loi), elle prévoit en elle-même ses propres limitions : en gros, elle la presse ne peut imprimer des injures ou ce qui pourrait se rapporter à de la diffamation. Voici l’artilce 23 de cette loi (consultable sur legifrance)   Seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces proférés dans des lieux ou réunions publics, soit par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l’écrit, de la parole ou de l’image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans des lieux ou réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposés au regard du public, soit par tout moyen de communication au public par voie électronique, auront directement provoqué l’auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d’effet. Cette disposition sera également applicable lorsque la provocation n’aura été suivie que d’une tentative de crime prévue par l’article 2 du code pénal. Bref, la presse (et donc le web) peut être complice d’un crime qu’elle provoquerait en se faisant l’écho de ces crimes. DAILY-MOTION, en diffusant la vidéo de CULIBALY, s’exposait donc à cet article 23 !! Le problème semble insoluble dans un monde numérique où les plateformes ne contrôlent pas en temps réel les milliers de vidéos mises en ligne. En fait, Les plateformes, du fait de leur structure particulière, dispose d’un régime particulier : elles ont pour obligation de disposer d’un contrôle du contenu, d’un modérateur capable d’identifier les vidéos qui tomberaient sous le coup de la loi. La suppression dans un temps raisonnable des dites vidéos leur permet alors d’échapper au titre de complice. Ce qui fut fait dans le cas CULIBALY. Pour finir avec VOLTAIRE « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. » VOLTAIRE Est-ce vraiment une citation de VOLTAIRE ? Malgré mes recherches, il semble qu’elle n’apparaisse pas dans son œuvre. Alors ? Ai-je mal cherché ? On trouve dans Les amis de Voltaire de Evelyn Hall, publié en 1906, la citation suivante « “I disapprove of what you say, but I will defend to the death your right to say it” was his attitude now » qui ressemble à s’y méprendre à la citation aux origines mystérieuses. Evelyn ayant pris soin d’encadrer son texte de guillemets, la tentation fut grande de l’attribuer à notre ami philosophe…. Mais un peu plus tard, elle mit les points sur les i en déclarant que les guillemets ne devaient pas être interprétés comme indiquant une citation extraite, mots pou mots, de l’œuvre de Voltaire. Elle visait plutôt le commentaire que Voltaire avait produit suite à sa lecture de De l’esprit (1785) de Helvetius : « J’aimais l’auteur du livre De l’Esprit. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes. » Voltaire – article Homme Questions sur l’Encyclopédie « En général, il est de droit naturel de se servir de sa plume comme de sa langue, à ses périls, risques et fortune. Je connais beaucoup de livres qui ont ennuyé, je n’en connais point qui aient fait de mal réel. […] Mais paraît-il parmi vous quelques livres nouveaux dont les idées choquent un peu les vôtres (supposé que vous ayez des idées) ou dont l’auteur soit d’un parti contraire à votre faction, ou, qui pis est, dont l’auteur ne soit d’aucun parti : alors vous criez au feu ; c’est un bruit, un scandale, un vacarme universel dans votre petit coin de terre. Voilà un homme abominable, qui a imprimé que si nous n’avions point de mains, nous ne pourrions faire des bas ni des souliers [Helvétius, De l’Esprit, I, 1] : quel blasphème ! Les dévotes crient, les docteurs fourrés s’assemblent, les alarmes se multiplient de collège en collège, de maison en maison ; des corps entiers sont en mouvement et pourquoi ? Pour cinq ou six pages dont il n’est plus question au bout de trois mois. Un livre vous déplaît-il, réfutez-le ; vous ennuie-t-il, ne le lisez pas. » Voltaire, Questions sur l’Encyclopédie, article « Liberté d’imprimer ». L’avis du petit-père COMBES Dieudonné vous insupporte ? Méprisez-le, n’allez pas le voir et cessez surtout de lui faire de la publicité ! Du même auteur : Le crépuscule des idéaux aux éditions THOT

Cabu sur Dieudonné
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