
L’amitié franco-allemande, chère à Mitterrand, a-t-elle un sens, hier comme aujourd’hui ? Nous allons montrer dans ce bref article comment l’unité allemande s’est toujours faite au détriment des intérêts français et comment, les intérêts de ces deux pays sont toujours aujourd’hui bien antagonistes.
Les tumultueuses relations franco-allemandes
La Germanie sous les décombres de l’empire romain
En 476, disparaît l’empire romain d’occident. Les coups de boutoir répétés des tribus barbares ont eu raison de ses légions. C’est la naissance de multiples royaumes (dont les Germains et les Francs) qui se partagent l’héritage.
La première Allemagne est une France-Allemagne
Les Francs, sous l’impulsion de Clovis, se christianisent. Leur royaume connait son apothéose sous Charles-le-Grand ou Carolus Magnus dit Charlemagne, empereur en 800. Les Carolingiens règnent alors sur un territoire qui couvre la France et une partie de l’Allemagne actuelle. La mort de Charlemagne, puis de son fils Louis-le Pieux entrainent une guerre fratricide qui déchire l’empire. L’Allemagne (ou Francie orientale) tombe dans les mains de Louis-le-Germanique. L’Allemagne connait ses premiers contours et son premier souverain. Ça ne va pas durer !
L’Allemagne façon “puzzle”
Au XVIII ème siècle, l’Allemagne, c’est plus de 300 États ! Avec la réforme luthérienne (au nord), se distingue une dynastie prometteuse (les Hohenzollern) et un homme emblématique : Frédéric II (1740-1786)
Merci la France et bravo Bismarck !
La révolution française séduit dans un premier temps les États Allemands (Kant, connu pour sa ponctualité, en loupera le début de son cours quotidien). Mais lorsque les armées révolutionnaires, puis Napoléon Ier franchissent le Rhin, le vent commence à tourner. En 1815, la Prusse (alors l’État le plus puissant) bat Napoléon à Waterloo (bien aidée en cela par les Anglais et les Russes, il convient de le rappeler !). Elle cherche alors, dans la seconde moitié du siècle et sous l’impulsion de Bismarck, alors Chancelier, à reconstituer, sur le dos de la France, l’unité allemande. Guillaume, roi de Prusse, a toute sa confiance.
Pour attirer les États catholiques du sud, dont la Bavière, Bismarck (protestant prussien) a l’idée de fédérer les États germaniques contre un ennemi commun : la France de Napoléon III.
Ça tombe bien, les Espagnols viennent de se débarrasser de leur reine et de proposer le trône à un cousin de Guillaume. La France voit rouge : pas question qu’un HOHENZOLLERN (la dynastie des Guillaume) s’installe au sud des Pyrénées !
La dépêche d’Ems (voir ci-après) met le feu aux poudres. Bismarck la fait publier en la modifiant pour la rendre plus arrogante. L’effet est double :
- les États allemands fulminent contre l’attitude française qui cherche à humilier l’Allemagne ;
- la France, furieuse de la publication, déclare la guerre à la Prusse.
L’unité allemande est presque faite !
Après la défaite française (Sedan 1870), l’Empire allemand est proclamé le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Guillaume devient le Kaiser du Reich ! La Lorraine et l’Alsace passent la frontière et deviennent allemande ! Les futures guerres sont inscrites dans cette annexion.
Aujourd’hui : L’union européenne
Kohl a fait croire à Mitterrand que le compromis était alléchant : l’Allemagne renonçait à sa monnaie (le Mark) et en change Mitterrand ne s’opposait pas à la réunification allemande.
Aujourd’hui l’Allemagne est réunifiée et le Mark est devenu encore plus puissant sous le nom d’Euro. La puissante industrie allemande n’a que faire d’un euro cher. Elle vend ses produits haut-de-gamme partout en Europe et dans le monde. Pas question de évaluer la monnaie, car la majeure partie de l’épargne allemande est en Euros et doit servir à payer les retraites d’une pyramides des âges très inversée. La France (et les pays du sud) meurt à petit feu en raison d’un euro trop cher. La richesse européenne est drainée par l’Allemagne. Un sentiment germanophobe d4une part et ultra-nationaliste gagne l’ensemble des pays de la zone Euro (excepté en l’Allemagne bien entendu). Et demain ? L’Europe sera-t-elle synonyme de guerre ?
La dépêche d’Ems
« Le comte Benedetti (ambassadeur de France) a interrompu ma promenade pour solliciter mon autorisation de télégraphier à Napoléon III la confirmation de mon opposition à la candidature (au trône d’Espagne) d’un Hohenzollern.
J’ai refusé assez sèchement étant donné les incertitudes à venir.Sa Majesté (Guillaume) a décidé de ne plus voir le prétentieux comte Benedetti et lui a fait dire par l’aide de camp de service que Sa Majesté n’avait plus rien à communiquer à l’ambassadeur…”
Le résumé historique sur les relations franco-allemandes est intéressant. Mais il est vrai qu’on ne se dispute jamais aussi bien qu’avec ses voisins. Ces relations tumultueuses sont-elles le fait du sang germanique et des gènes prussiens de la domination ou simplement du hasard de la géographie ? Tu aurais pu faire de même sur les relations franco-anglaises. La seule différence étant que nous ne vivons pas actuellement une période de tension avec l’Angleterre. Mettre les problèmes de l’euro en perspective avec un passé sanglant ne revient-il pas à ré alimenter de vieilles querelles aujourd’hui éteintes ? N’es-tu pas en train de reprocher aux Allemands de s’en sortir mieux que nous ? Si le cadre de l’Europe et de l’euro ne nous convient pas, les Allemands ne nous empêchent de sortir ni de l’un ni de l’autre. Mais aujourd’hui on n’a aucune proposition alternative crédible si ce n’est le choix entre les 3 générations de la famille Le Pen, les mêmes "valeurs" mais diluées dans un peu d’eau ou un communisme plus ou moins bien relooké. Au soir des élections les pro européens ont reproché aux journalistes de ne pas avoir expliqué suffisamment l’Europe. C’est vrai. Aucune pédagogie n’est faite dans les grands médias sur les mécanismes et les enjeux qui restent inaccessibles aux non spécialistes dont je fais partie. D’ailleurs les spécialistes, tous brillants, ne sont pas d’accord et, petite digression, je m’interroge si l’économie ne tient pas plus de la religion que de la science. Il y a ceux qui prient le marché, qui sont prêts à faire des sacrifices pour la croissance. L’esprit de sacrifice de certains va même, pour les plus admirables, à accepter que les enfants des autres soient payés en dessous du SMIC. Il y a ceux qui croient au marché mais aussi à l’interventionnisme qui doit lui être consubstantiel, ceux qui croient qu’unis on est plus fort et ceux qui croient que la main invisible fera son boulot. Quand tout va bien, la preuve est faite de la véracité de la croyance. Quand tout va mal, les voies de l’économie étant impénétrables, on ne peut conclure qu’à une punition de la doctrine à laquelle on croit car on n’y a pas été assez fidèle. Selon les croyance, cette erreur condamnable peut être d’avoir augmenté le SMIC de 0,5%, d’avoir perdu notre souveraineté en ayant accordé trop de pouvoir aux technocrates européens ou au contraire de ne pas s’être assez ouvert au marché international qui est vraiment une opportunité pour qui sait la saisir. Le marasme dans lequel on se trouve étant la preuve qu’on n’a pas été assez loin, il faut en rajouter une couche. N’ayant aucune compétence en économie mon avis ne vaut pas grand chose mais ça me fait quand même plaisir de le donner. Les facilités de transport et de communication qui ont permis la mondialisation actuelle ne peut conduire que vers une homogénéisation des conditions de vie sur la terre sans pour autant arriver à un état stable. Aujourd’hui, certains pays résistent mieux que d’autres. C’est le cas de l’Allemagne, mais pour combien de temps? Je ne vois vraiment pas pourquoi les pays émergents ne finiraient pas par concurrencer la main d’oeuvre allemande. De plus les évolutions démographiques, climatiques, militaires et notamment la dissémination des armes nucléaires ou chimiques et l’épuisement des ressources risquent de conduire à des bouleversements dont la seul chose qu’on peut prédire est que la politique monétaire de la BCE n’aura alors qu’une importance très relative. Bref, je ne crois pas à une solution miracle, à la vérité qui s’opposerait à l’erreur.