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Le HAMAS et le FATAH se disputent depuis 1987 la légitimité du leadership palestinien. Malgré un objectif commun, la reconnaissance d’un État palestinien, ils ne parviennent pas à se mettre autour d’une table pour discuter d’une stratégie. Pire, ils se font la guerre pour le pouvoir, pour l’argent aussi, mettant un peu plus en péril les chances d’installer une paix durable, ou au moins à un compromis sur ces terres difficiles, écorchées par plus d’un demi-siècle de guerres.
Du même auteur – Le crépuscule des idéaux
Le roman inspiré de MEIN KAMPF, racontant l’irrésistible ascension d’ Hitler. Le crépuscule des idéaux, référence littéraire sur l’origine du nazisme, grand prix des lecteurs, vous propose une plongée dans l’Allemagne de 1919, dont vous ne sortirez pas indemnes.
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Quelle est la différence entre le HAMAS et le FATAH ?
Les élections législatives de 2006 ont montré que les territoires palestiniens étaient bien coupés en deux, avec une répartition à peu près équilibrée des suffrages (légèrement en faveur du HAMAS toutefois). Cette « petite victoire » du HAMAS a vite été confisquée par le FATAH qui a exigé la Présidence de l’autorité (pour Mahmoud ABBAS également président du FATAH), le HAMAS obtenant (seulement) le poste de premier ministre (pour Ismaël HANIYEH également président du HAMAS). Grâce à ce coup d’État, le FATAH tient les services de sécurité et fait son possible pour entraver le travail du premier ministre. Cette guerre feutrée des bâtiments officiels a trouvé son expression violente dans les rues, jonchées de cadavres des deux camps. Elle a conduit en 2007 à une véritable guerre civile dans la bande de Gaza, depuis dans les mains du HAMAS.
Quelle est la différence entre le HAMAS et le FATAH ?
Le FATAH (La conquête en Arabe)
Le FATAH est un mouvement politique dont la vocation première (et unique) est de libérer la Palestine de l’occupation Israélienne. Il ne dispose pas, a priori, de fondements religieux. Il est un mouvement de résistance, à tendance socialiste, comme l’a pu être la Résistance en France pendant l’occupation allemande. Il est apparu (1950), juste après la création d’Israël (1946) ou, pour être plus précis, en réaction à la création de l’État hébreux.

Il ne faut pas confondre le FATAH et l’OLP (l’Organisation de libération de la Palestine). L’OLP fut créée bien après, en 1964, par les États arabes, sous l’impulsion du président égyptien NASSER, leader du panarabisme. NASSER, soucieux de l’influence grandissante du FATAH, eut l’idée de le contrôler en l’absorbant dans un ensemble plus large constitué de multiples factions. Peine perdue, après la guerre des six jours (1967), qui vit la défaite de l’Égypte face à Israël, le FATAH devint l’épine dorsale de l’OLP. En novembre 1967, le FATAH rejeta la résolution n°242 de l’ONU et proposa la création d’un État palestinien « laïque et démocratique » au sein duquel Chrétiens, Juifs et Musulmans jouiraient de droits égaux. On croit rêvé aujourd’hui.
Yasser ARAFAT
Yasser ARAFAT a fait du FATAH le principal interlocuteur d’Israël, à tel point, qu’en 1993, l’autorité palestinienne fut construite à partir de l’organigramme du FATAH. La présidence du FATAH fut confiée à Yasser ARAFAT, jusqu’à sa mort mystérieuse en 2004 au Val de Grâce. Le FATAH administre aujourd’hui les territoires palestiniens (à l’exception de la bande de Gaza). Le FATAH est présidé par Mahmoud Abbas. Il reconnaît depuis 1993 (les accords d’Oslo) à Israël le droit à l’existence, en posant bien entendu comme condition préalable la reconnaissance réciproque par Israël d’un État palestinien à ses côtés.

Le HAMAS (zèle en arabe)
Le HAMAS a un seul objectif : détruire l’État juif. Le HAMAS rejette les accords d’Oslo de 1993, premiers pas avortés vers la paix, issus des pour-parler secrets entre les Israéliens d’Ytzhak Rabin et les Palestiniens d’Arafat. On trouve d’ailleurs dans sa charte cette volonté explicite de détruire l’État juif. Son idéologie, comme son organisation, s’appuient presque essentiellement sur les principes religieux de l’islam sunnite, traduits dans les termes les plus extrêmes. Émanation des frères musulmans, le HAMAS est né en 1987, lors de la première intifada et donc bien après le FATAH. Il est toujours sur une ligne dure, n’acceptant aucun compromis avec l’État juif. Il veut une Palestine islamisée, administrée exclusivement par des Musulmans sur les principes du Coran. Aujourd’hui cantonné dans la bande de GAZA, le HAMAS a vu sa frontière avec l’Égypte se fermer avec la destitution par les militaires du Président Égyptien Mohamed MORSI. L’enfermement de la population, la dégradation des conditions sanitaires et économiques, les conflits répétés avec Israël vont-ils le conduire à négocier enfin avec le Président ABBAS ?
Dépêche AFP novembre 2014
Une série d’explosions a visé, vendredi matin, des domiciles et véhicules de membres du Fatah, dans la bande de Gaza. Ces attaques n’ont pas fait des victimes. Le Fatah accuse le Hamas d’en être responsable. Les domiciles et les véhicules de représentants du mouvement palestinien Fatah dans la bande de Gaza ont été la cible, vendredi 7 novembre, d’une série d’explosions limitées. Ces attaques, sont survenues en l’espace de quelques heures avant 6 h 30, n’ont pas fait de victimes et n’ont provoqué que des dégâts mineurs, a indiqué le mouvement. Un tract laissé sur les lieux de l’une des explosions porte la signature de l’organisation de l’État islamique, mais des sources du Fatah doutent de l’authenticité de ce message. Un peu plus tard, dans la journée de vendredi, le parti de Mahmoud Abbas a indiqué qu’il jugeait le Hamas responsable de ces attaques. « Le Comité central du Fatah condamne les crimes survenus ce matin (vendredi) contre ses cadres et fait porter au Hamas la responsabilité de ces crimes », a indiqué un haut responsable du Fatah, Nasser al-Qidwa, lors d’une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Les motivations de ces agressions sont toujours inconnues. Néanmoins, le mouvement islamiste Hamas, qui domine le territoire, a rapidement condamné des attaques « criminelles » et ordonné de traduire ses auteurs en justice.
Tensions entre le Fatah et le Hamas
Ces explosions surviennent à quelques jours du dixième anniversaire de la mort de Yasser Arafat, une date à l’origine de tensions entre le Fatah et le Hamas. Pour la première fois depuis des années, le décès du premier président de l’Autorité palestinienne et dirigeant historique du Fatah sera en effet commémoré publiquement le 11 novembre dans la bande de Gaza, dont le Hamas islamiste a pris le contrôle au prix d’une guerre civile avec le Fatah, laïque, en 2007. L’une des explosions de vendredi matin a visé une estrade montée à l’ouest de Gaza en vue, justement, de ces commémorations. Ces attentats surviennent également alors que les deux branches rivales du mouvement palestinien ont convenu en avril dernier de former un gouvernement de réconciliation. Après ces attaques, le Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, a été contraint d’annuler une visite prévue samedi dans la bande de Gaza. Le chef du gouvernement de réconciliation était censé y rencontrer la nouvelle chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à l’occasion de la première visite de cette dernière sur place. Federica Mogherini « a toujours pour projet » d’aller à Gaza samedi, a déclaré un porte-parole de l’Union européenne. Selon ce dernier, elle rencontrera Rami Hamdallah plus tard dans la soirée à Ramallah, en Cisjordanie. Ces événements ont également eu lieu alors que la vieille ville de Jérusalem connaît ces dernières semaines un regain de tension entre les communautés juive et musulmane. Après la mort d’un deuxième Israélien suite à une attaque à la voiture piégée mercredi, à Jérusalem-est, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a donné l’ordre vendredi que les maisons des terroristes ayant attaqué Israël soient détruites.
Un article du Point Octobre 2017
Le Fatah et le Hamas palestiniens signent un accord de réconciliation au Caire
Le Fatah et le Hamas palestiniens signent un accord de réconciliation au Caire © AFP / SAID KHATIB AFP
Le mouvement islamiste Hamas et son rival palestinien du Fatah ont signé jeudi au Caire un accord de réconciliation destiné à mettre fin à une décennie de déchirements dévastateurs, en se laissant deux mois pour résoudre les problèmes les plus épineux. Les deux partis, encore à couteaux tirés il y a quelques semaines, ont fixé au premier décembre l’échéance d’un transfert de pouvoirs dans la bande de Gaza, actuellement gouvernée sans partage par le Hamas, ont indiqué dans un communiqué les Renseignements égyptiens qui ont parrainé les négociations. L’Autorité palestinienne, entité internationalement reconnue supposée préfigurer un Etat palestinien indépendant, devra à cette date assumer « toutes les responsabilités » dans la bande de Gaza, selon le communiqué. Les deux camps se donnent jusqu’à cette date pour régler tous leurs différends, ajoute le texte. Une nouvelle réunion est prévue au Caire le 21 novembre. Les détails de l’accord n’ont pas été divulgués dans les déclarations faites aux journalistes au Caire. Dans ce qui serait une manifestation spectaculaire de ce rapprochement, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas devrait se rendre prochainement à Gaza, a déclaré à l’AFP Zakaria al-Agha, chef du parti Fatah de M. Abbas dans la bande de Gaza. Autre avancée de la réconciliation, 3.000 policiers de l’Autorité palestinienne vont être déployés dans la bande de Gaza et aux frontières avec Israël et l’Egypte, a dit à l’AFP sous couvert de l’anonymat un haut responsable impliqué dans les tractations. Par ailleurs M. Abbas devrait lever « très bientôt » les mesures financières prises en 2017 pour forcer le Hamas à la conciliation, a dit M. al-Agha. La visite de M. Abbas dans la bande de Gaza serait la première depuis 2007.
‘Parrainage égyptien’
Le Hamas, vainqueur des législatives en 2006 mais privé de sa victoire sous les pressions internationales, avait évincé de la bande de Gaza l’Autorité palestinienne ainsi que ses forces de sécurité, au prix d’une quasi-guerre civile avec le Fatah en 2007. L’Autorité, dominée par le Fatah, n’exerce plus son pouvoir, limité, que sur la Cisjordanie, occupée par Israël et distante de Gaza de quelques dizaines de kilomètres. Toutes les tentatives de réconciliation ont échoué depuis 2007, y compris celle qui avait donné lieu à un accord en 2011 au Caire. Isolé, confronté au risque d’explosion sociale mais aussi à un soutien amoindri du Qatar, le Hamas, par ailleurs soumis aux pressions du grand voisin égyptien, a fini par accepter en septembre le retour à Gaza de l’Autorité et de son gouvernement. Le raccommodement a été matérialisé en grande pompe la semaine passée avec le premier conseil des ministres se tenant à Gaza depuis 2014. Le Hamas et le Fatah ont engagé mardi au Caire des tractations entourées du plus grand secret sur les modalités pratiques de la réconciliation.
Double enjeu
Des questions aussi compliquées que le contrôle de la sécurité dans la bande de Gaza et le sort des 25.000 hommes du bras armé du Hamas étaient censées être remises à plus tard. L’enjeu de la réconciliation, considérable, est double. Le plus immédiat est le sort des deux millions de Gazaouis, éprouvés par trois guerres avec Israël depuis 2008, les blocus israélien et égyptien, la pauvreté, le chômage et les pénuries d’eau et d’électricité. Au-delà, les divisions palestiniennes sont considérées comme un des principaux obstacles au règlement du conflit israélo-palestinien. La légitimité du président Abbas, interlocuteur d’Israël et de la communauté internationale, est sapée par le fait que le Hamas, considéré comme terroriste par Israël, les Etats-Unis ou l’Union européenne et comme infréquentable par plusieurs pays arabes, préside actuellement aux destinées de deux cinquièmes des Palestiniens des Territoires. Le Hamas attend la levée des mesures financières prises par le président Abbas pour le faire fléchir, comme l’arrêt du paiement de la facture d’électricité gazaouie à Israël. « On reviendra dessus quand le gouvernement sera en mesure d’assumer ses responsabilités », avait dit M. Abbas la semaine passée. Evoquant l’éventualité que le Hamas reste en charge de la sécurité à Gaza, M. Abbas a aussi prévenu qu’il n’accepterait pas « qu’on clone l’expérience du Hezbollah au Liban ». Le Hamas a signifié de son côté que la question de ses armes n’était pas négociable. Les parties doivent aussi régler le sort de dizaines de milliers de fonctionnaires recrutés depuis 2007 par le Hamas. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu que son pays n’accepterait de traiter avec un gouvernement parlant au nom de toutes les factions palestiniennes que si le Hamas démantèle son bras armé, rompt avec l’Iran et reconnaît Israël. Des conditions a priori impossibles à satisfaire pour le Hamas.
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