La Jordanie, comme tous les états du Moyen-Orient, a subi, depuis l’antiquité, de nombreux envahisseurs qui ont brassé sa population.
Il est, comme la plupart dans la région, un état artificiel qui vit le jour après la seconde guerre mondiale, suite aux compromis entre Alliés français et britanniques (accords de Sykes-Picot de 1916 et traité de Sèvre de 1920).
Les premiers habitants furent sans doute des Bédouins, dont les traces se retrouvent également en Palestine, qui avaient fui les peuples venus de la mer (les Philistins), vers 1200 avant JC.

Successivement, la Jordanie fut une province :
- égyptienne (Xème siècle avant JC) ;
- grecque, avec les conquêtes d’Alexandre-le-Grand (IVème siècle avant JC) ;
- romaine (Ier siècle) ;
- byzantine (à partir du IVème siècle) après la chute de l’empire romain et le transfert du centre de la chrétienté de Rome à Constantinople ;
- musulmane avec les conquêtes de Mahomet (622) ;
- des califats sunnites des Omeyyades (VIIème siècle) et Abbassides (VIIIème siècle) ;
- des Francs, avec l’arrivée des Croisés (Xème siècle) libérant les lieux saints ;
- musulmane, à nouveau, avec la libération des lieux saints par Saladin (1180) ;
- mongole (1260) ;
- mamelouks (XIIIème siécle) ;
- et enfin ottomane (XVIème siècle), c’est-à-dire à nouveau sunnite.
Première guerre mondiale
Les Ottomans choisissent, à l’occasion de la première guerre mondiale, le mauvais camp (celui des empires centraux). Les Anglais en profitent pour attiser la révolte des tribus arabes (Hachémites) soucieuses de se débarrasser de la tutelle ottomane. En fait, par les accords secrets de Sykes-Picot (1916), Anglais et Français avait déjà réglé le sort du Moyen-Orient.
Entre deux-guerres
La conférence de San Remo et le traité de Sèvre (1920) font de la Jordanie une zone Hachémite mais sous le contrôle serré des Britanniques qui disposent d’un protectorat sur la Palestine voisine. Abdallah prend le titre d’Émir du pseudo émirat de ce qu’on appelle alors la Trans-Jordanie (au-delà du Jourdain) par opposition à la Cisjordanie qui appartient à la Palestine. Le Jourdain devient une frontière naturelle entre deux états.

L’émancipation du territoire est longue. Les Britanniques étant soucieux de protéger leurs intérêts, rien ne peut se faire sans eux, notamment en ce qui concerne la défense : plus au sud, les Saoud, associés aux religieux wahhabites, ont pris le contrôle de la péninsule arabique (pour instaurer le royaume d’Arabie saoudite) et menace le petit émirat. Les Britanniques assurent alors sa protection.
Seconde guerre mondiale
La Trans-Jordanie est cette fois-ci dan le camp des vainqueurs, ce qui va la conduire vers l’indépendance, en remerciement de services rendus (aux Britanniques via la légion arabe). 1946 sonne la fin du mandat Britannique qui garde toutefois un œil militaire sur son ancien allié. Abdallah troque ses habits d’Émir pour une couronne royale : la Trans-Jordanie devient un royaume.
Un destin entièrement scellé à celui de la Palestine
1946 est aussi la date de la création de l’État d’Israël. Abdallah poursuit sa politique d’apaisement remettant sans cesse sur la table des négociations l’idée du partage de la Palestine en deux états, le premier juif et le second arabe.

Cette idée est accueillie favorablement par Ben GOURION, alors Président d’Israël, puis, après quelques hésitations, par les Britanniques soucieux de se débarrasser de la patate chaude. Les troupes arabes entrent alors en Palestine (Cisjordanie) et sont surpris de constater que des Juifs s’y sont déjà installés ! La guerre est inévitable avec le nouvel état. Tous les voisins d’Israël lui déclare la guerre, qui se solde par une défaite (1949) de la ligue arabe mais aussi par l’annexion, par la Transjordanie (territoires à l’est du Jourdain) de la Cisjordanie (territoires à l’ouest du Jourdain) et de la partie arabe de Jérusalem.
La défaite des coalisés arabes provoque un exode massif de Palestinien vers la Transjordanie. Par ailleurs, Abdallah a dressé contre lui les autres pays arabes qui voient dans annexion unilatérale de la Cisjordanie la fin du projet d’État palestinien. Abdallah meurt sous les balles d’un Palestinien.
Le nationalisme arabe
Hussein succède à Abdallah. Les nombreux réfugiés présents sur son sol constituent un problème majeur, d’autant plus que les nationalistes palestiniens, se servant de la Transjordanie comme basse arrière pour lancer des raids contre Israël, provoquent l’ire de l’État hébreux qui rase, en représailles, des villages jordaniens. Hussein fait alors la police chez lui pour prévenir les incursions palestiniennes en territoire hébreux.

En 1952, Nasser, le président égyptien, décide de nationaliser unilatéralement le canal de Suez, ce qui provoque, cette fois-ci, l’ire conjuguée des Anglais (soucieux de protéger la route des Indes), des Français (qui voient dans ce nationalisme arabe un danger pour leurs possessions au Maghreb) et d’Israël. Hussein, voulant redorer son blason, se joint aux troupes arabes qui tentent de résister au corps franco-britannique.
Malgré la défaite, Nasser sort grandi du conflit comme champion de la cause arabe. Pourtant Hussein prend ses distances avec son imposant voisin et ne se joint pas au projet de Nation arabe.
En 1964, l’OLP (Organisation pour la Libération de la Palestine) voit le jour et les Palestiniens stationnés en Jordanie saisissent l’occasion pour réactiver les raids contre Israël. De nouveau les avions israéliens répliquent, comme ils savent le faire, c’est-à-dire de manière disproportionnée.
Les tensions montent jusqu’en 1967 où l’État hébreu déclenche la guerre des six jours. La Cisjordanie capitule la première, terrassée par la vitesse des troupes israéliennes, perdant au passage la Cisjordanie et la partie est de Jérusalem, et gagnant un nouvel afflux de réfugiés, dont l’ennemi juré d’Israël, Yasser ARAFAT qui vient de créer le FATAH et qui installe son QG et ses milices armées dans la capitale jordanienne Amman !
Cet État dans l’État n’est pas supportable par HUSSEIN, qui ne veut pas que son pays serve de centre névralgique du terroriste palestinien. En septembre de 1970, qui restera dans l’histoire comme le septembre noir, il lance à ses forces armées sur les camps palestiniens. Yasser ARAFAT quitte la Jordanie et s’installe au Liban.

La réconciliation entre les deux hommes prendra sept ans ! Il ne soutient pas l’Égypte lorsque cette dernière décide de reconnaître l’État d’Israël.
Sunnites contre Chiites
Au début des années 1980, Sadam HUSSEIN (président d’Irak sunnite) lance ses troupes contre l’Iran chiite de l’Ayatollah Khomeïni. La Syrie chiite de Hafez el Assad (en fait Alaouites) se joint à l’Iran mais la Jordanie sunnite préfère soutenir l’Irak. Les deux ex-alliés se regardent en chiens de faïences de part et d’autres de leur frontière commune, ce qui fera capoter les projets réactivés de Nation arabe.
En 1990, Sadam HUSSEIN, qui a fait entre temps la paix avec l’Iran, s’en prend au Koweït qui considère comme une province de l’Irak. A nouveau Hussein soutient l’Irak, ce qui lui attire les foudres de l’Arabie Saoudite.
HUSSEIN se révèle être un chef d’État tempéré, démocratisant, malgré un police omniprésente, lentement son pays, favorisant les solutions négociées entre Israël et les Palestiniens, signant un accord e paix avec l’État Hébreu (1994).
Abdallah
Il succède à son père en 1998 et continue sa politique d’apaisement engageant un rapprochement avec les États-Unis de Georges BUSH. La Jordanie reste étanche aux mouvements intégristes laissant une place toujours plus importante aux femmes et au pluralisme politique.
En 2015, l’assassinat d’un pilote des forces armées jordaniennes par l’État islamique fait naître une explosion d’indignation et une volonté très nette de revanche. La Jordanie se joint à la coalition américaine qui vise à éradiquer le Califat sunnite voulu par Abou Bakr al Bagdadi.
7 commentaires sur “Brève histoire de la Jordanie”
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.