
Il est incontestable que la voiture électrique n’émet aucun polluant et ne fait aucun bruit lorsqu’elle roule dans les rues de Paris. La voiture électrique “dépollue” les villes permettant aux habitants déshérités des hyper-centres (comme on le dit maintenant) du XVIème arrondissement aux Grands Boulevards, de respirer enfin un air pur.

Comparaison voitures électriques – voitures diesels ou essence
Comme on le voit sur la graphique ci-dessous, si on prend tout le cycle (de la fabrication à l’utilisation), la voiture électrique est (légèrement) moins gourmande en énergie. La partie en orange (production d’électricité nécessaire pour l’alimenter) est bien entendu “critique” : si la production d’électricité du pays où circule le véhicule est décarbonée (nucléaire ou hydraulique par exemple), il n’y a alors pas photo : la voiture électrique est clairement plus vertueuse en termes d’émission de gaz à effet de serre (CO2 essentiellement).

En revanche, si comme en Inde ou en Pologne (voir le graphique suivant), la production d’électricité se fait à partir d’énergies fossiles, le bilan est discutable.
On voit aussi sur ce graphique que le diesel est mieux placé que l’essence en termes d’émission de CO2 !
Passer du diesel à l’essence permet de réduire les émissions de particules fines au détriment de la lutte contre du changement climatique.
Le véhicule électrique en fonction des pays
Comme le montre le graphique ci-dessous, la voiture électrique en Inde ou en Australie ne règlera rien en termes d’émission de gaz à effet de serre, tant que l’électricité sera produite à partir d’énergie fossile. En revanche, c’est une bonne solution pour les pays tels que l’Islande qui produit 100% de son électricité à partir de la géothermie, le Canada, le Brésil ou le Paraguay qui font la part belle à l’hydraulique ou la France avec son mixte hydraulique/nucléaire, beaucoup moins pour l’Allemagne qui utilise beaucoup de gaz naturel et de lignite, et encore moins pour les pays à base fioul.

La fausse-bonne solution de la voiture électrique ?
Attention l’électricité ne sort pas directement du sol ! Il faut malheureusement la produire et, pour encore pas mal de temps à travers le monde, avec des centrales au gaz (23%), au fioul (37%) ou au charbon (25% de la production mondiale en 2012). La voiture électrique est clairement la solution pour les centres-villes, mais suppose l’installation de moyens de production supplémentaires dans les campagnes.

La question du rendement
Pour faire rouler une voiture, il faut de l’énergie. On peut mettre de l’essence dans le réservoir. On subit alors les lois de la thermodynamiques qui font que des pertes sont inévitables : toute l’énergie apportée par le carburant ne peut être utilisée à 100 % pour faire des kilomètres.
Selon Wikipedia : Le rendement d’un moteur à explosions (essence ou diesel) est le ratio de la puissance mécanique (délivrée aux roues) restituée par rapport à la puissance thermique fournie par le carburant. Ce rendement est toujours majoré par le rendement de Carnot [..]. Les meilleurs moteurs de série pour usage automobile ont des rendements pouvant atteindre :
- 36 % pour un moteur à essence à allumage commandé et
- 42 % pour un moteur diesel.
Le rendement de Carnot est nécessairement inférieur à 1 : il dépend de la différence de température entre la source chaude (Tc) et la source froide (Tf).
Si le carburant utilisé dans la voiture fournit 100 Watt, seulement 36 watt (pour le moteur à essence) sont délivrés aux roues pour faire des kilomètres. Avec la voiture électrique, on subit deux fois le rendement de Carnot : une centrale thermique classique (fioul) présente un rendement est de 33%. Le rendement du moteur électrique est, quant à lui, autour de 80% (parfois plus). Le rendent global est donc de 80% x 33% = 25%, donc inférieur au moteur à essence (36%). C’est pour cette raison que la voiture électrique couplée avec des centrales à fioul ou charbon constituent une fausse bonne idée.
Le recours au nucléaire
Et avec le nucléaire ? La production d’électricité nucléaire ne génère (presque) pas d’émissions de polluants (CO2, NOx, SO2 et poussières notamment). Mais le basculement du parc automobiles au tout électrique demanderait de nouvelles centrales (environ une vingtaine de réacteurs EPR supplémentaires selon les estimations). Qui est prêt à une telle révolution dans notre paysage ?
La question des matières premières
Une batterie est gourmande en matières premières. Nous n’en retiendrons que deux :
Le lithium : je laisserais ici parler Les Amis de la terre
Le cas du lithium est emblématique de notre société du gaspillage : alors que les premières batteries au lithium ont été commercialisées en 1991 et que la demande en lithium n’a cessé de s’accroître avec l’engouement pour les produits high-tech, le recyclage du lithium est aujourd’hui quasiment inexistant. Depuis 20 ans, c’est donc l’ouverture et l’exploitation de nouvelles mines qui alimente la demande mondiale. L’exploitation du lithium n’est pourtant pas sans impact sur l’environnement. Le processus d’extraction du lithium nécessite l’utilisation d’énormes quantités d’eau, alors que les principaux gisements – les salars de Bolivie, du Chili et d’Argentine – sont situées dans des zones arides.
Pour dépolluer nos villes, faut-il dépolluer les terres des autres ?
Le graphite
Chaque voiture électrique en contient 60 kg. Multipliés par des millions de véhicules, le tonnage devient astronomique. Le graphite est extrait de mines en Chine, dans des conditions chinoises d’extraction, générant des pollutions de l’air (notamment pour les travailleurs) et de l’eau.
La fausse-bonne solution de la voiture électrique
En conclusion
La publicité faite sur la voiture électrique ne dit pas tout. Un exemple commenté : la campagne de Renault :

La campagne RENAULT
Un changement durable de votre mode de consommation automobile.
Avec l’arrivée des véhicules électriques, la rupture écologique est en marche.
Nous l’avons vu, c’est discutable. On peut accorder à Renault le terme “rupture”, en ce sens qu’il y a un déplacement de la pollution.
Le véhicule électrique, c’est la réponse appropriée aux besoins de mobilité des conducteurs et des entreprises…
Jusque-là, chacun jugera.
…soucieux de l’environnement.
Là, on compte sans doute sur le manque d’information du consommateur : il est vrai que de prime abord, la voiture électrique a bonne presse, elle fait moderne et écolo.
…La gamme Renault Z.E. propose de vivre l’automobile autrement en associant responsabilité environnementale…
discutable..
et plaisir de conduite renouvelé : aucun bruit (1) ni vibration, aucun rejet de CO2 ni de gaz polluant durant l’utilisation.
Notons que la campagne insiste sur le “durant l’utilisation“.
Le véhicule électrique illustre ainsi pleinement la démarche poursuivie par Renault pour réduire l’impact écologique de l’automobile sur l’ensemble du cycle de vie (production, usage et fin de vie) et traduite par la signature environnementale Renault eco2.
A voir…
Bonjour, Transmettre l’idée que la voiture électrique est une fausse bonne solution est pour moi un très mauvais choix que j’expliquerai en quelques lignes : – Comme il est dit dans votre article, l’électricité actuelle est produite “avec au mieux des centrales nucléaires”, ce qui est le cas de la France à plus de 70%, sachant qu’en seconde position se trouve l’hydraulique (13%). Nous sommes donc un pays dans lequel la voiture électrique est une alternative responsable et efficace pour lutter contre les émissions et développer l’indépendance énergétique. – Concernant le rendement, vous dites “Puis on met l’électricité dans la voiture et on fait des kilomètres”, mais avec une voiture conventionnelle vous ne mettez pas de pétrole ? Sans compter effectivement les pertes d’énergie lors de la combustion du carburant mais surtout toute la chaine qui permet de remplir nos chères stations essences, à savoir l’extraction (celle du gaz de schiste est un cauchemar) -1ère perte d’énergie, le raffinage -2e perte, le transport jusqu’aux stations -3e perte, la consommation -4e perte. Or, il ne me semble pas que le transport d’électricité s’effectue par camion ou bateau pouvant provoquer des désastres écologiques en cas d’accident. – Pour ce qui est la question des matières premières que sont le lithium et le graphite vous soulevez là une problématique intéressante. Il est vrai que l’extraction de ces matériaux posent de sérieux problèmes développement durable (économiques, sociaux, environnementaux) qui font que la voiture électrique n’est pas parfaite. Cependant, dans un contexte d’urgence écologique absolue, ces problèmes passent pour moi au second plan face à aux enjeux des émissions de transport, question de point de vue. De plus, la filière de recyclage des batteries est en plein développement, et sera de plus en plus efficace si le consommateur opte pour la voiture électrique… Je rajouterai également que l’or ou l’argent que vous portez certainement sur vous a été extrait avec des méthodes aussi peu reluisante, si ce n’est pire… En conclusion, je trouve donc cela dommage que vous condamniez la voiture électrique. Il est évident qu’il faut se pencher, pour chaque pays, sur la façon dont l’électricité est produite avant d’orienter le marché automobile vers la voiture électrique. C’est à mon avis la seule vraie question, les autres problèmes pouvant être améliorés lors du développement du marché. Mais dans le cas de la France, nous disposons d’un des meilleurs mixtes énergétiques pour y arriver, alors pourquoi attendre ?
Votre réaction est pertinente ; je ne dis ps que la voiture à pétrole c’est l’idéal, loin de là. Je dis que la voiture électrique émet plus de CO2 si l’électricité est produite à partir d’énergie fossile comme le charbon ou le pétrole ce qui est le cas dans tous les pays du monde sauf en France. Chez nous, un parc de voitures électriques supposeraient la construction de 30 EPR. Je ne suis pas contre mais je ne suis pas sûr que tout le monde soit de mon avis. Merci encore pour votre commentaire.
La pollution par les véhicules ne représente que 15% de la pollution mondiale et on vient nous embêter avec un problème qui est difficilement solutionnable. La voiture électrique pollue autant et voir plus que les voitures à pétrole, car on détruit les mines de lithium de la planète. Il faut autant de matières polluantes pour la fabriquer. Que les pays utilisant les ressources nucléaires et une source de pollution supplémentaire. Le reste du monde pour produire l’électricité utilise du charbon d’où le bilan carbone serait en hausse ou maintenu. Actuellement,les véhicules électriques ont une autonomie trop courte d’où les ménages la possédant ont besoin d’un véhicule à pétrole. Les batteries au lithium ne sont en aucun cas à ce jour recyclable, on n’a pas trouver une seconde vie à ses batteries, d’où source de pollution supplémentaire. Et puis ce n’est pas crédible, car la population mondiale ne roulera jamais et entièrement comme nos voiture à pétrole. On voit ce qui sort de nos tuyaux d’échappement, mais l’invisible on l’occulte. On ne fait que déplacer un problème, mais on ne le résout pas