J’ai vu pour vous Un homme idéal de Yann Gozlan avec Pierre NINEY

Un très bon film français, au scénario haletant. En lisant le résumé du film, j’ai eu peur d’être projeté sur un remake de l’excellent Les yeux jaunes des crocodiles avec Emmanuelle BEARD, les scénarios étant très proches. Mais pas du tout…

Le film commence dans une voiture. Au volant un jeune homme paniqué, ou plutôt désespéré, les yeux rouges, les doigts cramponnés sur le volant et le peid collé sur l’accélérateur. En face, un mur de roche. L’homme accélère.

Les images nous emmènent sans transition dans une banlieue que l’on imagine au nord de Paris, dans une barre HLM, où un écrivain débutant (et déjà raté) pond, chaque jour sur son ordinateur, 2500 signes, comme son maître Stephen KING l’a encouragé. Les signes s’ajoutent au signe pour donner un roman au titre énigmatique : L’homme de dos. Mathieu VASSEUR enferme la liasse dans une enveloppe kraft qu’il ‘expédie à un éditeur, rue du Cherche-Midi. Il reçoit alors en retour ce que tout apprenti écrivain (dont le Petit-père COMBES, votre serviteur fait partie) a reçu souvent dans sa vie littéraire : la mécanique litanie pré-imprimée qui souligne la qualité de l’œuvre tout en se désolant de ne pouvoir l’inscrire dans la ligne éditoriale…

Mathieu le vit mal, d’autant plus qu’il n’exerce que de petits boulots, déménageant des cours d’immeubles, des maisons, puis un appartement dont le propriétaire, “un vieux sans attache”, vient de décéder. Un, vieux, mais pas n’importe le quel. Un soldat d’Algérie qui a entassé dans son 50m2 des tas de souvenirs, des revues de l’époque, des livres poussiéreux, des papiers d’identité jaunis, un photo de soldat prise en 1958 à Alger et… un carnet enveloppé de cuir. Mathieu, curieux, détache la sangle du carnet et découvre une écriture noire qui parcourt les pages, coule sans interruption le long des deux-cents pages, interrompue seulement par quelques dessins à l’encre, un village blanc, un fusil-mitrailleur, un vieil homme. Mathieu n’a pas le temps et vole le carnet.

Les joues appuyées dans la paume de ses mains, on le retrouve le visage éclairé par son ordinateur, en panne d’inspiration. Le carnet est posé à côté du clavier et semble faire à Mathieu des appels du pied. Mathieu le regarde, l’observe jusqu’à l’explosion de l’idée maléfique dans sa petite tête frustrée par les échecs. Ses doigts courent sur le clavier, toute la soirée, puis la nuit et le lendemain, guidés seulement par ses lignes à l’encre noire laissées par un mort. FIN. Il faut encore un titre : ce sera Sable Noir ; encore une note manuscrite trouvée dans le carnet. Une enveloppe, un bout de scotch, et le manuscrit tout frais sorti de l’imprimante part rue du Cherche-Midi.

Son portable sonne, l’éditeur est emballé et veut le rencontrer au plus tôt. Mathieu ne peut refuser. L’éditeur est totalement stupéfait par la maturité de cet enfant de 26 ans, qui décrit l’Algérie aussi bien qu’un témoin direct l’aurait fait. Mathieu réfléchit. C’est un problème. Il va falloir donner le change, expliquer la genèse de l’œuvre, devenir ce soldat mort, rampé dans le sable à ses côtés, sentir l’odeur du jasmin et du sang des fellagas. Il demande alors un peu de temps, un mois au moins, le temps d’apprendre, de se replonger en 1958 dans Alger la Blanche, connaître ses ruelles par cœur, ses couleurs, ses habitants, le nom des patrouilles françaises, de leurs commandants,…

Tout se passe bien. Il devient la révélation de l’année, et un sérieux candidat pour le prix littéraire De sollicitations en sollicitations, il s’enivre de cette notoriété aussi soudaine qu’inattendue, qui le conduit dans les bras d’une femme exceptionnelle, une enfant qu’il avait repéré au hasard d’un déménagement d’une faculté de lettres, alors qu’elle brillait lors d’une conférence sur l’odeur dans la littérature.

Mais la Belle n’est pas n’importe qui. Elle est issue d’une famille bourgeoise qui passe sa vie entre les beaux appartements parisiens et la côte d’azur où elle possède une immense propriété plantée de cyprès et donnant directement sur la Méditerranée.

Trois ans passent ainsi dans la volupté, l’amour et le soleil. Mathieu aime Alice. Mais Alice n’aime pas Mathieu. Elle aime le personnage que Mathieu a fabriqué, le talentueux écrivain qu’il n’est pas… Sans ce vol de mémoire, Mathieu serait toujours au milieu de ces cartons dans la Banlieue parisienne, loin de ce paradis, loin de cette femme restée à jamais inaccessible.

Les choses se compliquent lorsque l’éditeur réclame un second livre, ne serait-ce que pour rembourser les avances payées à Mathieu. Puis lorsqu’il reçoit, dans une enveloppe kraft, la photo du soldat mort…

Quelqu’un a tout compris…

Je ne dis rien sur la suite et vous encourage à courir de suite au cinéma.