Brève histoire de la Tunisie

L’antiquité

Au milieu des sables, des oasis si première civilisation il y eut, elle fut Berbère, peule venu du sud il y a bien longtemps (au Néolithique entre 5000 à 3000 avant JC). Ils furent bien vite rejoints par d’autres voyageurs, les Phéniciens, peuple de la mer venu du sud Liban actuel.désert


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Ensemble, ils fondèrent :

  • une première cité, ancêtre de Carthage et
  • une première civilisation dite “punique”.

Les Phéniciens, habiles commerçants, firent de Carthage leur principaux centre commercial en Afrique du nord. La cité en profita donc et s’agrandit, jusqu’à se frotter aux frontières des puissances voisines, notamment grecques, puis romaines. La Méditerranée étant trop petite pour héberger deux empires, les guerres dites « puniques » entre Rome et Carthage étaient devenues inévitables. Il y en eu trois. Un instant favorable à Carthage, elles s’achevèrent par la victoire écrasante de Rome qui rasa la ville en 150 avant JC. Elle perdit son indépendance, mais gagna le statut de province romaine, puis celle de colonie sous Jules César (50 avant JC) et enfin de  grenier à grains de l’Empire romain.

Au IIIème siècle après JC, l’empereur Dioclétien dut faire face aux invasions barbares et, pour améliorer l’efficacité de la défense de l’Empire, décida de le diviser en quatre avec, à la tête de chacun, un général-empereur approuvé par ses hommes. Constantin, au IVème siècle, fit basculer l’Empire dans le christianisme et, avec, la Tunisie.

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La chute de Rome

La Pax Romana prit fin au Vème siècle avec l’arrivée d’autres peuples barbares, notamment Alains (venus du Caucase) et les Vandales. Ces derniers se réclamèrent de l’arianisme, considéré comme une hérésie par le Concile de Nicée. Ils restèrent un siècle avant d’être délogés par les armées byzantines (héritières de la Rome chrétienne) de l’empereur Justinien. Carthage devint le diocèse de l’Église orthodoxe de Constantinople en Afrique.

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Le temps de l’islam

Mais l’islam naissant poussa ses armées vers l’ouest, prenant facilement la Tunisie affaiblie. Ce fut sous la dynastie sunnite des Omeyyades que Carthage, malgré une belle résistance berbère, tomba dans le giron musulman, qui établit sa base militaire à Kairouan. Carthage et tous ses habitants se convertirent (ou furent convertis) par les Omeyyades, chassés au VIIIème siècle par l’autre dynastie sunnite : celle des Abbassides. Ce fut là cette époque que fut construite la grande Mosquée de Kairouan. D’autres branches de lislam sunnite succédèrent aux Omeyyades, notamment les Fatimides (qui se réclament de Fatima la fille du Prophète), qui firent main basse sur tout le Maghreb.

Avec la perte de Grenade, les Maures (et les Juifs) déferlèrent, suivis de peu par les souverains ibériques (Ferdinand d’Aragon) qui occupèrent des villes importantes. Puis la Tunisie passa sous pavillon ottoman, puis germanique (Charles Quint), puis de nouveau ottoman (1580).

Mais Istanbul était loin, laissant la Tunisie s’émanciper petit à petit : le chef de guerre Hussein fonda alors au XVIIème siècle une dynastie qui porta son nom, assurant une autonomie de plus en plus prononcée jusqu’au XIXème siècle.

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Le protectorat français

Ce fut une crise financière qui attira les premières convoitises occidentales et notamment françaises. La France, avec le traité de Bardo en 1881, obtint le protectorat, développa l’économie et imposa (aux élites) le Français. La Tunisie d’alors, c’était la France. Bizerte devint un port militaire. Mais déjà (1900) les désirs d’émancipations fleurirent dans la jeunesse tunisienne. A la fin de la première guerre mondiale, des organisations contestaient ouvertement le Protectorat.

Habib Bourguiba, un avocat, fonda en 1932, un journal indépendantiste, laïc à tendance marxiste : l’Action tunisienne ; et un parti : le Néo-destour. La surdité de Léon BLUM, alors président du conseil du front populaire, fut à l’origine de premières émeutes, à la veille de la seconde guerre mondiale.

Le Néo-Destour rentra dans la clandestinité. Mussolini victorieux demanda à la France vichyste la tête de Bourguiba, un soutien des troupes alliées. La Tunisie devint alors le théâtre de combats entre Rommel (le renard du désert d’Hitler) et les troupes britanniques de Montgommery, notamment à Sidi Bouzid. La résistance tunisienne au troisième Reich se convertit à la fin de la guerre en résistance à l’occupation française.

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Vers l’indépendance

Ce fut Robert Schuman qui, le premier, en 1950, prononça le mot qui fâchait en faisant référence à une “possibilité d’indépendance”. Pourtant, 50 000 soldats français furent envoyés pour tenter d’étouffer dans l’œuf toute tentative de rébellion. Finalement, le 31 juillet 1954, Pierre Mendès France, reconnut à la Tunisie son droit à l’autonomie. La France ne conserva que la base militaire de Bizerte. L’indépendance fut prononcée le 20 mars 1956 ; le Néo-Destour devint le parti unique, raflant tous les sièges à la Constituante et abolissant la Monarchie. Bourguiba devint le premier Président (1958).

De l’autre côté de la frontière, en revanche, rien n’était réglé. L’aviation française bombardait les villes algériennes et, de temps en temps, franchissant allègrement la frontière.

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Vers la dictature

La Tunisie glissa lentement vers la dictature socialiste, qu’elle conserva jusqu’en 1969, date des grandes révoltes paysannes. Après avoir aboli la Monarchie, en 1975, Bourguiba se fit nommé « président à vie ». Des aspirations plus démocratiques (appuyées sur l’UGTT) commencèrent alors à poindre un peu partout, obligeant Bourguiba à introduire un peu de pluralisme dans le jeu politique des années 80. Les assassinats politiques, le clientélisme, la corruption et le système organisé de bourrage des urnes poussèrent toutefois le Président vers la sortie ouvrant (1987) grandes les portes du pouvoir au ministre de l’intérieur Ben Ali.

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La tentation islamiste

Horrifié par les heures sanglantes de l’Algérie voisines meurtrie par les exactions du groupe islamique armé (GIA), Ben Ali s’attaqua au problème islamique en interdisant Ennahdha. Pour maintenir l’ordre, Ben Ali mit entre parenthèses la démocratie. Malgré la présence policière, un kamikaze se fit sauter devant la synagogue de la Ghriba faisant 19 morts.

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Le berceau du printemps arabe

Le printemps arabe naquit en Tunisie, lorsque, en 2010, dans les rues de Sidi Bouzid, un vendeur ambulant, excédé par le chômage et la misère, s’immola, déclenchant la fureur d’une partie de la population contre le régime répressif de Ben Ali et les frasques de son épouse Leila. Malgré quelques concessions de façade, Ben Ali fut obligé de laisser le pouvoir à Mohamed Ghannouchi, son premier ministre, et à s’exiler, en catastrophe, vers l’Arabie saoudite.

Un gouvernement d’union nationale se mit en place pour gérer l’intérim jusqu’aux présidentielles. Certains membres du gouvernement Ben Ali en firent partis ce qui exaspéra la population. Il légalisa Ennahda qui obtint la majorité à l’assemblée constituante. Une période troublée commença, alternant entre des volontés de retour à l’islam des origines ou à des aspirations plus nationalistes à la mode turque de Mustapha Kemal.

Dans l’ombre, des groupes salafistes attendaient leur heure. L’ambassade américaine fut incendiée obligeant le forces de l’ordre à réagir : 2 morts.

Les présidentielles se tinrent en novembre 2014. Deux candidats se qualifièrent pour le second tour :

  • Béji Caïd Essebsi (Nidaa Tounes) : 40 % des voix
  • Moncef Marzouki : 34 %;

Béji Caïd Essebsi l’emporta et devint le quatrième président de la république tunisienne et avocat de la laïcité.

En mars 2015 l’Etat islamique revendiqua l’attentat du musée du Bardo qui fit une vingtaine de morts parmi les touristes.

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Une démocratie fragile

La Tunisie est pour l’instant le seul exemple d’une révolution arabe réussie. Toutefois, les périls sont partout : à ses portes rugissent les premiers bataillons des extrémistes libyens gavés de l’armement récupéré dans les arsenaux de Kadhahfi. Tunisie est également le premier pays en termes de contingent ayant rejoint l’État islamique. On évoque le chiffre de trois milles ressortissants tunisiens, dont la moitié serait déjà rentrée au pays.

La démocratie est fragile. Il convient donc d’apporter notre soutien aux courageux tunisiens.Tout ce joue en ce moment.