Jean-Paul MARAT fut l’une des figures majeures de la Révolution française. Ancré à gauche de l’extrême gauche, infatigable défenseur du petit-peuple, il fut celui qui réclama sans relâche des têtes, encore des têtes, des têtes d’Aristocrates de curés, 1000 têtes, 10 000 têtes, 100 000 têtes !
Effrayant et passionné, il fut l’ennemi juré des modérés de la Gironde, mais pas seulement, car il faisait peur dans son propre camp. Haranguant les foules du club des Cordeliers, il fut à l’origine de mouvements populaires violents, catalyseur du sans-culottisme, réclamant et obtenant la fin de la monarchie.
Marat, comme Rousseau était suisse. Mais la ressemblance s’arrête là. D’ailleurs, son compatriote helvète était mort lorsque Marat partit en France pour étudier la médecine. Un passage en Angleterre, puis un retour en France, le conduisirent dans l’impasse de la recherche scientifique, besogne trop ronronnante pour notre tonitruant tribun : Jean-Paul MARAT était fait pour agiter les foules, pas les vieillards de l’académie des Sciences !
La convocation des états généraux par Louis XVI, le serment du jeu de paume, la prise de la Bastille furent pour lui autant d’occasion de se lancer dans l’arène politique qui n’attendait que lui. Lorsque Louis XVI décida, contraint et forcé, à lâcher du lest, en particulier au niveau de la censure, Marat saisit l’occasion pour se faire un nom dans le journalisme : L’Ami du peuple devint un quotidien qui compta dans le paysage parisien. Son journal se distinguait de la concurrence (notamment de celle de Camille DESMOULINS) par son extrémisme. Il y attaquait sans relâche les Aristocrates, comme La Fayette, mais aussi les riches bourgeois, comme Mirabeau, ceux qui avaient vu dans la Révolution l’occasion de s’enrichir.
Déçu par les modérés, il vit dans la fuite de Varennes l’occasion de porter un coup définitif à la Monarchie en dénonçant la trahison. Un motif suffisant pour réclamer sa mort. Ce fut une nouvelle fois de la tribune des Cordeliers qu’il électrisa la foule. A la tête d’un millier de ses partisans, il se dirigea , en septembre 1792, vers le Champ-de-Mars pour y déposer une pétition réclamant la destitution de Louis XVI et l’avènement d’une vraie république, sans compromis : une sorte de dictature du peuple. Bailly, le maire de Paris, garant de l’ordre public, instaura alors la loi martiale et ordonna à La Fayette, général en chef des gardes nationaux, de tirer dans la foule. Cet épisode est connu sous le nom de Massacres du Champ-de-Mars. Il sonna le glas du prestige de La Fayette. Marat, identifié comme l’instigateur du désordre, se sentit menacé. Il s’expatria à Londres, emportant un petit souvenir des égouts dans lesquels il avait trouvé refuge : une vilaine maladie de peau qui le défigura jusqu’à sa mort.
Le calme revenu, Danton le pria de revenir en France où était sa place, à la gauche de la gauche, parmi ses amis Montagnards.
Après la prise des Tuileries et la chute de la Monarchie qui suivit, il siégea à la Convention aux côtés de Danton et de Robespierre. Infatigable nettoyeur d’âmes trop tièdes, il milita alors pour épurer les rangs des modérés, notamment les Girondins de Brissot.
Robespierre, qui n’était pas encore le terrible dictateur de la Terreur, invita Danton (qui était alors ministre de la justice) à instaurer le tribunal révolutionnaire. Pour disposer de la majorité à la convention, Danton avait besoin de l’appui des Girondins. Brissot lui accorda son soutien sous réserve de l’arrestation de Marat. Marat fut donc arrêté,… mais relaxé, ce qui fera dire à Robespierre que : « le tribunal ne condamne pas un vrai révolutionnaire ». Pourtant, il emportera Danton, Danton son créateur, Robespierre son inspirateur, et même son accusateur public : Fouquier-Tinville.
Marat ne vivra pas son rêve jusqu’au bout : il fut assassiné par Charlotte Corday le 13 juillet 1793. La jeune République réserva des funérailles grandioses au ‘Grand Marat’ et inscrit sur sa tombe : « Ici repose Marat, l’ami du peuple assassiné par les ennemis du peuple le 13 juillet 1793 ».
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