La troisième guerre mondiale a déjà commencé

Aux portes de l’Europe, les premiers feux d’une toute proche confrontation planétaire ont été allumés. Trois ans après le début du printemps arabe, très brièvement porteur d’espoir, la guerre en Syrie et en Irak, le chaos libyen et le soulèvement au Yémen ont réveillé l’éternelle rivalité entre les deux colosses de la région que sont l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite.

Maintenant, les jeux d’alliances et la nervosité russe ont attiré au moyen orient tout ce que la planète dispose en milices armées, forces aérienne

Tout a commencé, il y a bien longtemps

Tout a commencé il y a bien longtemps, en 1919, lorsque les accords de Sykes-Picot ont été gravés dans le marbre diplomatique lors de la conférence de San Remo, dans le traité de Sèvres (10 août 1920). Si les ferments de la seconde guerre mondiale étaient inscrits dans le traité de Versailles, ceux de la troisième l’ont été dans ce traité de Sèvres : Français et Anglais ont découpé le moyen orient en dessinant les pays à leurs avantages respectifs. Ainsi naquirent, sur les décombres de l’Empire ottoman, l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie… Ce nationalisme importé par les occidentaux est clairement dénoncé par DAECH (l’État islamique) qui brûle, autant qu’il le peut, les drapeaux qui tombent sous sa main. Le traité de Sèvres dessina dans le sable des frontières qui ignoraient les peuples et les religions. Kurdes, Sunnites, Chiites Yésidis furent ainsi dispersés sur la carte. Aujourd’hui, la guerre en Syrie et en Irak s’enlise dans un conflit qui en est l’une des conséquences. Chiites (les partisans du cousin du prophète) et Sunnites (les partisans du premier Imam) se haïssent plus que jamais à grands coups de kalachnikovs. Les Kurdes revendiquent un territoire transnational qui n’existe pas. Quant aux Yésidis, ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone.

Il suffira d’un étincelle

Mercredi 20 septembre 2015. Au sud de la péninsule, l’Iran, la grande puissance chiite, vient d’arraisonner un bateau saoudien, son grand rival sunnite. Jusque-là, les querelles n’étaient que vocales. Elles sont maintenant réglées les armes à la main. Les Saoudiens ont récupéré à cette occasion un armement puissant que l’Iran cherchait à fournir aux rebelles Houthis du Yémen, des Chiites en guerre contre le pouvoir central sunnite. Déjà l’armée saoudienne a envoyé sur place des hommes et du matériel. Dans les rues de La Mecque, des centaines de pèlerins iraniens viennent de trouver la mort dans une affreuse bousculade. L’événement n’a fait que renforcer la haine ancestrale entre les deux peuples. Le président iranien a dit tout le mal qu’il pensait de son homologue saoudien à l’occasion de l’assemblée générale des Nations Unies. Il suffirait d’une simple étincelle…

Quant les Russes s’en mêlent

Au nord-est, les Iraniens envoient des conseillers militaires pour appuyer Bachar-Al Assad, un Alaouite, branche syrienne du chiisme. Ce dernier peut aussi compter sur le Hezbollah, la grande milice chiite en guerre contre Israël plus au sud. Le président Poutine n’est pas en reste, puisqu’il vient d’engager ses troupes sur le terrain pour aider son allié historique dans la région. Les Sukhoï 30 bombardent les rebelles syriens de Homs qui encerclent depuis plusieurs mois le régime alaouite. Ils cherchent à desserrer l’étau qui se refermait inexorablement sur Bachar. Mais ces rebelles sont soutenus par les occidentaux et en premier lieu par les États-Unis ! La tension entre américains et russe n’a jamais été aussi grande depuis la chute du mur de Berlin.

Bachar, l’apprenti sorcier

Bachar a joué avec le feu. De peur de perdre la tête, comme ses collègues libyens (Khadafi), Egyptein (Moubarak), tunisien (Ben Ali) et irakien (Sadam Hussein), il a cherché très tôt à torpiller le printemps arabe en libérant de ses geôles maléfiques les plus extrémistes de ses opposants. Ceux-ci, renforcés par les rescapés de l’armée de Sadam HUSSEIN, ont constitué le premier noyau de DAECH, devenu aujourd’hui l’ennemi public numéro un. Cette menace d’un nouveau genre a entraîné dans le conflit les forces occidentales effrayées par ces barbares qui attirent comme des mouches leurs ressortissants en perte de repères. Les Rafale sont alors venus renforcés dans le ciel syrien les F16 américains.

La nouvelle guerre froide

L’imbroglio syrien ne fait que se compliquer. Russes et Américains sont théoriquement amis. Mais leurs alliés sur le terrain, respectivement iraniens et saoudiens, ne le sont pas. Des relents de guerre froide se répandent au moyen orient, exacerbés par la dimension religieuse. La droite dure américaine, incarnée par le nauséabonde Donald TRUMP peut demain gagner les élections. Elle peut envisager une opération terrestre, comme l’a fait Georges Bush Junior en 2003. Or, ce fut cette initiative malheureuse qui déstabilisa durablement la région.

Un peu de fiction

Nous avons donc Poutine, d’un côté, qui ne pèche guerre par sa mollesse. Il est le chantre d’une Russie forte et alimente l’animosité de son peuple contre l’Amérique. De l’autre Trump, dernier grand dinosaure de l’ère de la chasse aux sorcières, nationalistes républicains jusqu’au bout des ongles. Il ferait passer Marine LE PEN pour la belle au bois dormant. Le premier, soutient les régimes chiites ; le second, leurs ennemis sunnites. Les Russes ont déjà dans le ciel irakien des SUKHOI, mais aussi des hélicoptères de combat et des troupes aguerries, conseillant le Hezbollah ennemi juré d’Israël allié de l’Amérique. Quelques Marines américains sont présents du côté de Homs pour former les rebelles modérés et soutenir les Kurdes de l’YPG. Les Russes, inquiets des difficultés du régime de Bachar, envoie les hélicoptères sur Homs. Des dizaines de morts civils. Officiellement, les GI ont été épargnés. Mais en coulisse on ne parle que de ça. L’Arabie saoudite décide alors de monter en puissance. Elle ne peut se permettre de voir ainsi se reformer le croissant chiite de l’Irak au Liban ! Les Iraniens protestent ! D’autant plus que les escarmouches se multiplient au Yémen. L’Iran masse alors des troupes à sa frontière sud. Seul le petit Koweït sépare encore les deux géants. Le président Iranien annonce qu’il ne s’arrêtera qu’à Jérusalem. Israël proteste à son tour et mobilise les soldats de Tsahal. Le président irakien, également un chiite, apporte son soutien à l’Iran. les autres Monarchies du Golfe sont derrière l’Arabie saoudite. Poutine annonce qu’il défendra son allié iranien contre toute agression. Trump en fait de même avec son allié arabe et envoie un porte avions dans le golfe. C’est alors que l’on apprend qu’un convoi de bateaux russes, transportant de l’armement lourd, fait route vers la Syrie. Serait-ce des ogives nucléaires ? personne ne le sait. Mais Trump décide de frapper le premier. Il envoie un ultimatum à Poutine lui ordonnant de faire stopper ses bateaux. Poutine est allé trop loin. Il ne peut reculer sans perdre tout le crédit qu’il a au sein de sa population. Il décide d’ignorer l’ultimatum. Les Israéliens font décoller la chasse pour un vol de reconnaissance au-dessus de l’Iran. La DCA fait feu mais les avions rentrent à leur base. C’est une violation de l’espace aérien iranien. La mobilisation générale est décidée.

La troisième guerre mondiale a déjà commencé.

s, martyres en tout genre, bombardements aveugles, déplacés et de morts civils. Pour la première fois depuis la guerre froide, les forces de l’OTAN ont intercepté un avion russe violant l’espace aérien de l’un de ses membres. De l’autre côté de l’atlantique, une droite dure est en train de prendre corps. Elle arbore d’une main la bannière étoilée et de l’autre le fusil mitrailleur… Sur le terrain, dans les sables de Syrie et d’Irak, s’entredéchirent les communautés musulmanes rivales, gavées d’armes par leurs alliés respectifs… Jusqu’où irons-nous ?

Puis-je me tromper. Puisse l’allumette rester dans sa boîte. Puisse la poudre être rangée dans les arsenaux. En 1914, personne ne pensait qu’un simple assassinat, certes d’un Archiduc, conduirait à la première guerre mondiale. Personne ne pensait que la seconde était écrite dans le traité de Paix. Aujourd’hui qui peut prévenir l’avenir ?

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