2100 milliards de dette. Et alors ?

Oui, et alors ?

Les arbres poussent-ils jusqu’au ciel ?

Quelques chiffres

2105,4 milliards d’euros exactement au 30 juin, ce qui représente 97,6% du PIB. Aucun budget en équilibre depuis Giscard (1975). Chaque seconde qui passe alourdit cette dette de 3000 €. 35 000 € par Français, y compris les nouveaux-nés. Le deuxième poste de dépense de l’État, après l’éducation, est bien le remboursement de la dette qui absorbe toute la recette de l’impôt sur le revenu (et même plus). C’est pas bien grave… Vraiment ? Les intérêts de la dette sont de l’ordre de 50 milliards d’€ ; un montant équivalent au budget de la défense et supérieur aux recettes de l’impôt sur le revenu.

Déficit conjoncturel et dépenses de fonctionnement

Certes ce déficit est en partie liée à la conjoncture : elle s’est ainsi creusée sous l’ère Sarkozy en raison des aides d’État accordées aux entreprises pour éviter la faillite générale. Les banques sont en partie responsables en raison de leur gestion hasardeuse des fonds qui leur sont confiés. Mais il y a aussi le déficit structurel : le fonctionnement de l’État coûte cher et les recettes ne suffisent pas à son financement. Que la conjoncture soit bonne ou pas, l’État perd de l’argent.

Et alors ?

Si ça dure depuis Giscard, pourquoi s’inquiéter ? La réponse dépend de trois éléments :

  1. Les taux – des taux d’intérêts faibles permettent de s’endetter à bon, compte même n’évitent pas les nécessaires remboursements (par les générations futures). Ils sont proches de zéro aujourd’hui en raison de la politique accommodante (rachat de dette) initiée par les banques centrales suite à la crise des subprimes ;
  2. L’inflation – Une inflation forte a à peu près le même effet. Malheureusement elle est et restera proche de zéro ;
  3. La croissance – Une croissance forte fait entrer des recettes (sous forme de taxes)  dans les caisses de l’État. Mais l’impact des politiques sur ce facteur est proche également de zéro.

Bref, heureusement que les taux sont bas. Mais il est fort à parier qu’ils ne le resteront pas. On attend outre-atlantique une remontée prochaine des taux d’intérêts de la Fed.

Qui détient la dette ?

L’étranger à hauteur de 64% selon l’Agence Française du trésor. Hollande avait désigné son ennemi : la finance. Mais il s’est vite rendu compte que c’est justement cette finance qui permet à son administration de tourner encore. Si demain les vannes du crédit sont fermées, l’État ne pourra plus payer ses fonctionnaires0. Bref, l’État n’est plus souverain.

Le niveau de la dette est directement corrélé notre dépendance à la finance. Il est étroitement lié à la fragilité de l’Etat qui devient de plus en plus sensible à la conjoncture.

L’agence Reuters a recensé les 50 plus gros détenteurs de la dette de la France. Parmi les plus importants investisseurs français, figurent Axa Investment, Allianz Global Investors, MMA Finance, CM-CIC AM, BNP Paribas AM, CNP Assurances, Amundi France, etc.

Impact d’une augmentation des taux d’intérêts

L’INSEE a publié un rapport qui établit en 2016 à 2 170,6 milliards d’euros le montant de la dette, soit 98,4 % du PIB. Les taux étant faibles l’Etat continue d’emprunter et creuse la dette.

L’Agence France Trésor a évalué l’impact budgétaire d’une augmentation de 1 % du coût de la dette :

  •  2,2 milliards d’€ la première année,
  • 5 milliards la deuxième ;
  • et 10 milliards en 5 ans.

Bonne ou mauvaise dette ?

La dette est essentiellement mauvaise : elle reporte sur les générations futures les frais de fonctionnement des administrations publiques

Le Rapport Pébereau (2005) précise que « Depuis 25 ans, le déficit public n’a pas servi à financer de nouveaux éléments d’actifs mais d’autres dépenses : le renouvellement des équipements existants et des dépenses de fonctionnement courant3.

Définition de la dette au sens du traité de Maastricht

Elle couvre l’ensemble des administrations publiques au sens des comptes nationaux :

  1. l’État ;
  1. les organismes divers d’administration centrale (ODAC) ;
  1. les administrations publiques locales
  1. et les administrations de sécurité sociale.

Elle ne comprend pas l’ensemble des passifs financiers mais uniquement :

  • les numéraires et dépôts ;
  • les titres autres qu’actions (bons du Trésor) ;
  • les obligations assimilables du Trésor (OAT) ;
  • les Euro medium term notes (EMTN) ;
  • ainsi que les emprunts

En sont exclus les produits dérivés et les autres comptes à payer.

C’est une dette brute au sens où on ne soustrait pas aux éléments de passifs, les actifs financiers des administrations publiques. Elle est consolidée : sont donc exclus du calcul de la dette les éléments de dette d’une administration détenus par une autre administration. C’est le cas par exemple des dépôts des administrations publiques au Trésor. La dette au sens de Maastricht est évaluée en valeur nominale, c’est-à-dire à la valeur de remboursement du principal.

Ainsi, les intérêts courus non échus ou les fluctuations des cours des titres ne sont pas compris dans l’évaluation des instruments, alors que la réévaluation de la valeur de remboursement des titres indexées sur l’inflation (OATi, BTANi et CADESi) est prise en compte.

Définition de la dette selon Wikipedia

La dette publique est constituée par l’ensemble des engagements financiers des administrations publiques. Les administrations publiques recouvrent un périmètre plus large que l’État, entendu au sens strict. Dans le cas de la norme européenne de comptabilité nationale (SEC 95), elles sont définies comme l’« ensemble des unités institutionnelles dont la fonction principale est de produire des services non marchands ou d’effectuer des opérations de redistribution du revenu et des richesses nationales. [..] Le secteur des administrations publiques comprend les administrations publiques centrales, les administrations publiques locales et les administrations de sécurité sociale2. »

La dette publique n’est donc pas la dette du pays, entreprises et ménages compris, mais seulement celle de l’ensemble des administrations publiques. Cette dette est généralement calculée de manière brute : les actifs des administrations ne sont pas soustraits au passif. D’autre part, certains engagements des administrations ne sont généralement pas pris en compte, en particulier les charges futures liées aux retraites des agents publics. Les normes comptables appliquées à la dette publique sont très différentes de celles retenues pour les entreprises.

La dette publique est, le plus souvent, mesurée en pourcentage du PIB. Ce ratio est, en effet, économiquement plus pertinent que le seul encours de la dette publique. De fait, la capacité d’un État à rembourser sa dette est fonction des ressources qu’il peut mobiliser. Or celles-ci sont fonction de la taille du PIB, puisqu’elles proviennent, pour l’essentiel, de prélèvements obligatoires assis sur l’activité économique du pays. L’importance économique d’une dette publique est donc proportionnelle au PIB du pays.

Un commentaire sur “2100 milliards de dette. Et alors ?

  1. Quelques pistes de réflexion :

    1- l’encours des assurances vie est du même ordre que la dette. Sans aller jusqu’à dire qu’il faudrait éponger la dette avec ces placements ce qui serait très injuste, cela ne montre-t-il pas que des sommes disponibles ont été transformées en économies alors qu’elles auraient pu être captées par l’impôt, suivant une clé de répartition à définir de façon juste, pour payer les prestations que chacun reçoit de l’Etat. Autrement dit, nous ne payons pas assez cher ce que nous consommons en services publics. Contre argument : l’argent dépensé fait marcher l’économie, augmenter les impôts asphyxierait la croissance. Où est la vérité ?

    2- certains prétendent que du temps où l’Etat se finançait à la banque de France (avant 1973) plutôt qu’auprès des banque privées, l’argent ne coutait rien et on pouvait en faire autant qu’on en voulait. Les mêmes affirment aujourd’hui que le crédit n’est qu’une écriture comptable sans réalité physique ou de valeur puisque l’argent n’est plus garanti sur l’or. Ils en concluent que la dette on s’en fout et que tout cela n’est qu’une façon d’asservir la classe ouvrière pendant que les financiers se gavent. Si ce dernier constat n’est pas complètement faux, j’ai du mal à croire à l’absence complète de lien entre la monnaie et la valeur mais ils ont l’air sûr d’eux. Où est la vérité ?

    3- Depuis 40 ans le PIB a doublé en argent constant. Pourtant on semble vivre plus mal et en plus on a une dette record. Pourquoi ?

    4- Pourquoi la finance est-elle montrée du doigt aujourd’hui ? On semble nous dire que pendant les années 1970 les dirigeants d’entreprises était dans une logique industrielle et que, subitement, tout d’un coup, ils seraient passés à une logique financière qui consiste à ” se faire un max de blé sans tenir compte de la casse sociale et qu’il faudrait remettre l’humain au centre”. (mdr) Je n’ai pas l’impression que l’altruisme inspirait les patrons d’il y a 40 ans. Ce qui me semble avoir changé se sont les possibilités qui leur sont offertes de délocaliser pour produire moins cher et qui n’existaient pas jadis. C’est un cas particulier d’un principe qui me parait général : tout ce qui est possible est ou sera mis en oeuvre, la loi ne peut que ralentir localement le processus.

    Voilà, je diverge un peu de la dette mais c’est pour tes prochains articles également.