J’ai lu pour vous Dans la tête de POUTINE de Michel Eltchaninoff

Au delà du fantasme, Michel Eltchaninoff tente de percer le mystère POUTINE en fouillant dans son passé d’agent secret au service du KGB de l’Ex Union Soviétique puis en relisant ses philosophes (russes bien sûr) de prédilection qui sont à la source de l’inspiration.du maître du KREMLIN.

POUTINE est un être complexe, sans doute autoritaire, mais élu démocratiquement et jouissant d’une popularité auprès de ses compatriotes qui, après deux décennies de règne, devrait faire pâlir tous ses collègues européens.

La lecture de ce livre est capitale pour percer la carapace de ce monstre politique qui cherche avant tout à redonner à la Russie son prestige d’antan (celui des tsars)  et à l’enraciner profondément dans son terreau religieux (en tant qu’héritière de l’empire chrétien d’orient).

J’ai lu pour vous Dans la tête de POUTINE de Michel Eltchaninoff

POUTINE est né, a grandi et s’est forgé un destin politique dans la plus libérale des villes russes : Leningrad, devenue Saint-Pétersbourg après la chute de l’URSS. Pourtant, il semble aujourd’hui que son conservatisme n’ait d’égale que son ambition : POUTINE est à la fois un nostalgique de la Russie forte et respectée dans le monde, celle des Tsars (d’avant 1917) et de l’empire soviétique. Il est aussi un fervent tenant d’un conservatisme religieux, avocat d’une tradition chrétienne orthodoxe gardienne des valeurs morales. Toute ingérence occidentale dans l’espace naturel de la Russie est vue par le président comme une agression inacceptable, comme se fut le cas en Ukraine en 20004 lors de la révolution “orange”.

MOSCOU : la troisième Rome

POUTINE souhaite s’ériger en rempart contre la culture occidentale, selon lui décadente, sans valeurs, notamment religieuses. Pour lui Moscou est la troisième Rome (Constantinople (devenue Istanbul) fut la seconde jusqu’à sa prise en 1453 par les Ottomans de Mehmet II) et à ce titre est l’héritière de l’Empire chrétien byzantin.

«l’occident refuse les principes éthiques et l’identité traditionnelle : nationale, culturelle, religieuse et même sexuelle. Aujourd’hui, dans de nombreux pays, les normes de la morale et des mœurs sont réexaminées, les traditions nationales sont effacées, ainsi que les distinctions entre les nations et les cultures. Aux moments les plus critiques de notre histoire, notre peuple s’est tourné vers ses racines, ses fondements religieux, ses valeurs religieuses”.

Vladimir POUTINE.

Les philosophes de POUTINE

POUTINE s’attache depuis peu à donner une structure philosophique solide à sa politique dans le but de la légitimer aux yeux des Russes. Il a donc puisé dans l’immense bestiaire des philosophes slaves ceux qui correspondent le mieux à sa pensée et les cite abondamment dans ses discours :

Constantin Leontiev (1831 – 1891) – le conservateur de l’entre-guerres

«La Russie, comme le disait de manière si frappante le philosophe Constantin Leontiev, s’est toujours développée comme une complexité florissante, comme un Etat-civilisation reposant sur le peuple russe, la langue russe, la culture russe, l’Eglise orthodoxe russe et les autres religions traditionnelles de la Russie»

Vladimir POUTINE.

Nicolas Danilesvski (1822 – 1875) – le slavophile

Cet auteur voit dans la guerre menée contre l’occident une réponse à la question de la préservation des valeurs russes en particulier et slaves en général. A cette époque, l’expansionnisme russe a conduit à la guerre de de Crimée (1856) qui a opposé les Russes à un coalition formée par les Ottomans, les Anglais et les Français de Napoléon III.

Nicolas Berdiaev (1874 – 1948)

POUTINE cite ce conservateur russe pour justifier l’ancrage de la Russie aux valeurs orthodoxes et prévenir le chaos consécutifs à l’absnece de repères.

«En utilisant les mots de Nicolas Berdiaev, le sens du conservatisme n’est pas d’empêcher le mouvement vers l’avant et vers le haut, mais d’empêcher le mouvement vers l’arrière et vers le bas, vers l’obscurité du chaos, le retour à la situation initiale»

Vladimir POUTINE

POUTINE nostalgique de l’URSS ?

Michel Eltchaninoff ne le pense pas. Il regrette certes la place qu’occupait dans le monde l’empire soviétique. Il qualifie son effondrement de “grand malheur”. On l’a vu avec l’annexion de la Crimée, puis les incursions en Géorgie ou en Ukraine : POUTINE souhaite reconstituer l’espace naturel de l’URSS en rassemblant sous un même drapeau (plutôt celui des Tsars d’ailleurs que la faucille et le marteau), les citoyens russophones.

Mais il n’est pas Marxiste. Il n’exclut pas une économie de marché, car il cherche avant tout l’efficacité. Il a pu se rendre compte, pendant ses années KGB, à quel point l’URSS avait pris du retard sur l’occident à cause de son économie planifiée qui produisait surtout du vent.