
L’histoire de Pu-Yi trouve toute sa place dans les Histoires extraordinaires d’Alain DECAUX. Voilà un type qui n’a rien demandé à personne, que l’on fait héritier de l’empire de Chine à sa naissance (1908), puis empereur à huit ans, qui vit reclus dans la Cité Interdite, choyé, servi par une armée d’eunuques, adulé comme un demi-dieu, que l’on marie à une inconnue, que l’on destitue plusieurs fois, que l’on exile (1925), que les Japonais mettent sur le trône de Mandchourie, qu’on emprisonne, qu’on exile en Sibérie (1945), que les Communistes rééduquent si efficacement qu’il devient le premier supporter de Mao et qui finalement écrit sa propre autocritique…
Mes crimes ont causé la mort de millions d’êtres humains, et j’avais cent fois mérité la mort, moi aussi. Au lieu de me tuer, on m’a donné la possibilité de regretter mes fautes et de travailler à la construction du socialisme. PU-Yi.
Pu-Yi – Le dernier empereur
Ce fut sa tante, une intrigante, qui choisit Pu-Yi comme héritier légitime de l’Empire de Chine. A l’époque, la Chine est agitée de tout côtés. Les Républicains poussent aux portes de la Cité interdite, forçant finalement Pu-Yi à abdiquer ! Il a quatre ans ! Nous sommes le 1er janvier 1912. La République de Chine est née. Le gouvernement accepte que Pu-Yi garde son titre. Mais il ne doit pas sortir de sa prison dorée : La Cité Interdite. Il ne manque de rien. Il dispose même de nombreux domestiques, gouvernantes, à tel point qu’il ne connait pas les gestes les plus élémentaires : mettre du dentifrice sur une brosse à dents, lasser ses souliers !
La grande guerre
La Grande guerre éclate. La Chine hésite pour choisir son camp. En 1917, un général plus conservateur que les autres en profite pour rétablir Pu-Yi dans sa plénitude impériale ! 13 jours plus tard, il abdique de nouveau sous la pression des Républicains. Il retourne dans sa prison dorée, mais, cette fois-ci, accompagné d’un éducateur (un écossais du nom de Johnston) qui lui ouvre les yeux sur la culture européenne et lui apprend (entre autres) l’Anglais et à faire du vélo !
Le Japon
1924. Cela fait 15 ans que Pu-Yi tourne en rond dans la Cité Interdite ! Il souhaiterait que Johnston l’aide à s’évader pour rejoindre l’Angleterre qu’il admire tant. Mais Johnston, sous la pression de son gouvernement désireux de cultiver de bonnes relations avec la Chine, refuse. Tant-Pis. Pu-Yi se tourne alors vers la puissante montante : le Japon. Ça tombe bien. Le Japon vient de sortir de l’ère féodale, a embrassé à grandes enjambées la révolution industrielle et manque de matières premières. Or, la Mandchourie en est riche ! Pourquoi ne pas se servir de cette marionnette pour piller ce territoire ? En 1932, tirant en sous mains les ficelles, les Japonais installent donc Pu-Yi sur le trône de papier du territoire qu’ils viennent de conquérir, fondant, par la même occasion le Mandchoukouo. Pu-Yi n’y voit que du feu. Mais veut-il voir autre chose ? Il vit enfin (presque) libre, s’occidentalisant de plus en plus, tant par la tenue (il coupe sa natte) et par ses manières. La chine tente d’alerter la SDN mais celle-ci (comme pour l’Éthiopie) affiche son impuissance. D’ailleurs, comme l’Italie l’a fait sur la question éthiopienne, le Japon quitte en 1933 la SDN qui projette une intervention en Mandchourie.
Pu-Yi – Empereur pour la 3ème fois
Malgré les massacres, malgré les confiscations de terre, Pu-Yi accepte la proposition japonaise visant à le rétablir complétement sur son trône d’empereur. Il faut attendre Hiroshima et la défaite du Japon pour que son règne prenne fin. Il est capturé par les soviétiques et part pour la Sibérie.
République populaire de Chine – 1er octobre 1949
Les Nationalistes (Kuomingtang) de Tchang-Kai-chek sont défaits par les Communistes de Mao. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour Pu-Yi. Mao demande à l’URSS son extradition (1950). Commence alors sa rééducation. Sentant le vent du peloton d’exécution se rapprocher, il écrit son autocritique, ce qui sans doute lui sauve la vie. Il devient jardinier !
Une histoire extraordinaire.
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