j’ai lu pour vous Mata-Hari de Alain DECAUX (Histoires extraordinaires)

1917.  Tout ce qui est allemand est suspect. On voit des espions partout. Alors on se méfie de cette étrangère aux allures orientales, cette danseuse de cabarets, cette belle hollandaise au teint basané qui croque les hommes aussi facilement que des madeleines et surtout qui fréquente la bourgeoisie teutonne…

En octobre, Mata-Hari est exécutée. Mais était-elle l’espionne décrite par les journaux de la belle époque ? Alain DECAUX ne répond pas à cette question qui restera sans doute un grand mystère de l’histoire de France.

Elle ne s’appelait pas Mata-Hari. Elle n’était pas non-plus orientale. Elle s’appelait en fait Margaretha Geertruida Zelle et était née en 1876 au Pays-Bas. Au crépuscule du siècle, elle avait commencé une vie rangée auprès d’un mari capitaine (elle adorait l’uniforme) qui lui donna deux enfants, mais aussi de nombreux coups qui marquèrent son corps (elle perdit un téton) et son caractère. Le juge pro,onça le divorce. Voulant démarrer une nouvelle vie, elle se rendit à Paris, Capitale du monde, pour montrer ses charmes sous un nom de scène. Mata-Hari était née, en 1903 à 27 ans… Ce fut un triomphe ! Son numéro fit le tour d’Europe. En privée, elle s’offrit à de riches bourgeois et de hauts-gradés, mais aussi à des aviateurs comme ce pilote russe, blessé au combat (la grande guerre a commencé) et soigné à à Vittel. Elle souhaita lui rendre visite. En échange, l’état major lui demanda de commencer, au service de la France, une carrière d’espionne ! Ce fut à Madrid qu’elle prit un dignitaire allemand dans ses premiers filets charnels ! Ce dernier transmit alors mystérieusement à Berlin un curieux message intercepté par les espions français : «l’agent H-21 s’est rendu utile» Qui est cet agent H21 ? Pour l’état major français, il n’y avait pas de doute. La belle désireuse de retrouver son aviateur fit une imprudente escale en France ! Elle fut immédiatement traduite devant un conseil de guerre !

L’époque est périlleuse pour l’armée française qui peine à contenir les violents assauts de la Reichwehr. D’autant plus que les Allemands ont pu rapatrier leur colonnes infernales du front de l’est suite à la paix de Brest–Litovsk qui, sous la pression des Bolchéviks de Lénine, a organisé la sortie des Russes de la Guerre. Le front est menacé par des mutineries. Les renforts américains se font attendre. Aussi l’opinion publique est-elle fébrile. Elle veut des exemples ! Mata-Hari est une cible privilégiée pour montrer la fermeté de l’Etat pour tout ce qui se rapproche à de l’intelligence avec l’ennemi. Elle est dressée devant le poteau d’exécution, les yeux grands ouverts (elle a refusé le bandeau) et envoie des baisers aux soldats avant de s’effondrer sous une rafale de plombs…