
Toi sinon personne, c’est l’histoire d’une rencontre, celle d’un musicien de génie et de sa muse, une artiste sensible, fragile, une rencontre miraculeuse, qui n’arrive qu’une fois par siècle, et qui offre au monde le meilleur. Toi sinon personne est aussi un voyage douloureux en adolescence, une adolescence que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître et dont les restes disparaissent à petits feux. Toi sinon personne, c’est quelque chose qui fait mal, qui fait mal, qui fait mal. C‘est aussi, bien heureusement, une promenade musicale faite d’images d’archives aux couleurs délavées, usées par le temps, venues d’une époque où il y avait encore au coin de la rue des Peupliers des cabines téléphoniques, des pantalons et des cheveux trop longs, des cravates en cuir et des brushing ridicules, des Simca 1000, des faces A et des faces B, Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Simone Veil, la légalisation de la pilule contraceptive et du divorce à l’amiable, la majorité à 18 ans, Sophie Marceau dans la Boum et Isabelle Adjani dans l’Eté meurtrier, le Paris Dakar qui arrivait au Sénégal, Daniel Balavoine et Thierry Sabine qui s’abîmaient dans le Sahel, Coluche, les Restos du cœur et Touche pas à mon pote, Bob Geldof et les concerts pour l’Éthiopie, loin du cœur et loin des yeux… Toi sinon personne raconte une époque où la musique s’écrivait derrière un piano, sur une partition en papier, avec des clés de sol et des bémols, se gravait sur des disques en plastique que l’on écoutait sur le saphir des platines ou que l’on dansait dans les garages aménagés en boite de nuit. Toi sinon personne raconte le plus grand (selon moi) mélodiste français de tous les temps, celui qui a laissé au panthéon de la musique des chefs-d’œuvre que chacun connaît, des madeleines de Proust qui évoquent un souvenir, des joies et des peines. Toi sinon personne fut aussi hier une larme écrasée sur la canapé du salon, une archive qui restera dans la vidéothèque du salon, un album de famille finalement.
Michel Berger et France Gall, c’est la symbiose entre l’artiste et son interprète, celui qui avait besoin d’elle et celle qui avait besoin de lui. France Gall était venue au monde pour magnifier l’œuvre créatrice de son génie de mari. Michel Berger avait besoin d’une voix pour que ses chansons rejoignent la stratosphère musicale. Nous avons cette chance de les avoir connus, de écouter à Bercy et encore une fois à la halle Tony Garnier (Résiste). Ils chantaient pour ceux qui étaient loin de chez eux et les voilà au paradis blanc, ensemble…
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