J’ai lu pour vous La condition humaine d’André Malraux (1901-1976)

Passages nébuleux, style haché, sans aucune fluidité… La condition humaine n’est pas un livre facile à lire. On ne comprend pas toujours le sens et on se perd dans la narration.

Un résumé

Tout commence en Chine au printemps 1927, alors que les grandes puissances européennes, grâce à leurs concessions, font encore la loi sur l’Empire du milieu. Tchang Kaï-Chek, veut libérer son pays du joug des puissances étrangères. Son armée nationaliste marche sur Shanghai. Déjà des cellules jusque-là dormantes se réveillent dans la ville pour préparer l’arrivée des libérateurs et agitent la classe ouvrière acquise aux thèses communistes. Mais Tchang Kaï-Chek voit soudain dans ces soulèvements spontanés un obstacle à son irrésistible ascension. Il retourne alors sa veste et, aidé par les Européens,  prépare l’élimination de ses gênants alliés. Les massacres de sa “bande verte” peuvent commencer….

Les personnages

Kyo est un idéaliste et un des leaders communistes. (Est-il l’incarnation de MALRAUX ?). Il est, en tout cas, le fils de Gisors, le théoricien du soulèvement, complètement accroc à l’opium, moyen pratique pour échapper à la réalité. May (qui symbolise la vie) est l’épouse de Kyo. C’est une infirmière allemande, née en Chine, qui a embrassé la cause révolutionnaire et n’hésite pas à coucher pour rendre service (« parce que bon, le pauvre, il en avait tellement envie »)… Tchen (qui symbolise la mort) a aussi été endoctriné par Gisors et comprend le combat que s’il est suicidaire. Il a goûté au meurtre (voir le passage ci-dessous) et n’a plus qu’une obsession : recommencer. On croise aussi un ancien de la Révolution d’octobre de 1917 en Russie :  Katow qui est la générosité incarnée), un “baron” français mythomane (Monsieur Clappique), amateur de femmes et de jeu, un occidental sans scrupule (Ferral) qui ne vit que pour la domination des hommes en général et de sa femme (Valérie) en particulier.

Le meurtre (d’un trafiquant d’armes) politique de Tchen

Tchen tenterait-il de soulever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L’angoisse lui tordait l’estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n’était capable en cet instant que d’y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu’une ombre, et d’où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même — de la chair d’homme. La condition humaine d’André Malraux.

La condition humaine est imposée, absurde et tragique

Car l’homme, du fait de sa condition d’homme :

  • est condamné à mort dès sa naissance (la mort est omniprésente dans le roman de Malraux) ;
  • est sans cesse tiraillé par des pulsions intérieures qu’il ne connait pas, qu’il découvre avec l’âge, mais que jamais il ne maitrisera (Tchen découvre ainsi sa fascination pour la mort) ;
  • est désespérément seul (il est étranger à lui-même, car il ne se (re)connait pas) ;
  • est cantonné, contre son gré, à une vie qui lui est imposée et qui n’est qu’une succession de souffrance que seule la mort viendra interrompre.

La révolution est-elle le moyen pour Malraux d’échapper à cette condition humaine ? Mourir pour des idées d’accord, mais de mort lente….

L’avis des Chavonnes

On est au cœur de la Révolution, à l’intérieur des cercles ouvriers ; des petites gens se battent pour des causes perdues, pour s’extraire de la misère ; l’idéal de liberté semble plus important que la vie. Mais on ne le sait pas tout de suite. On est perdu dans les méandres dessinés par Malraux, sans repères historiques, sans description préalable de la situation. Qui combat qui ? Qui sont les maitres de Shanghai ?

Malraux décrit l’âpreté des combats, les premiers attentats suicides,  et alors tout éclaire.

Vous connaissez la phrase : “Il faut neuf mois pour faire un homme, et un seul jour pour le tuer”. Nous l’avons su autant qu’on peut le savoir l’un et l’autre… May, écoutez: il ne faut pas neuf mois, il faut soixante ans pour faire un homme, soixante ans de sacrifices, de volonté, de… de tant de choses ! Et quand cet homme est fait, quand il n’y a plus en lui rien de l’enfance, ni de l’adolescence, quand, vraiment, il est un homme, il n’est plus bon qu’à mourir. La condition humaine d’André Malraux.