J’ai lu pour vous Rousseau – la 5ème promenade des rêveries du promeneur solitaire

Séjour de Rousseau à l’île Saint Pierre en septembre 1765.

De toutes les habitations où j’ai demeuré (et j’en ai eu de charmantes), aucune ne m’a rendu si véritablement heureux et ne m’a laissé de si tendres regrets que l’île Saint-Pierre. Il m’eut suffi durant toute mon existence sans laisser naître un seul instant dans mon âme le désir d’un autre état. Quand le soir approchait je descendais des cimes de l’île et j’allais volontiers m’asseoir au bord du lac sur la gréve dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m’en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisait pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser.

J’ai lu pour vous Rousseau – la 5ème promenade des rêveries du promeneur solitaire

A la veille de sa mort, Rousseau s’éloigne du tumulte et de la fureur de la ville. La 5ème promenade décrit, dans une sorte d’introspection, la symbiose entre un homme, enfin apaisé, et la nature, une véritable communion, faite de plénitude, de béatitude, un instant furtif de bonheur et de sérénité. La nature permet à Rousseau juste d’exister. Rousseau est-il le précurseur de Pierre Rabhi ou de Nicolas Hulot ? Il fait ici l’éloge de la solitude, de l’exclusion loin de ses semblables, du bruit, de la polémique et de la civilisation. Si la société n’est que le refus collectif de l’état (bon) de nature, alors couper les liens avec cette société devient pour Rousseau nécessaire pour retrouver l’essentiel.

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