
Voir à ce sujet La Déchirure.
Victoire au Cambodge ! Deux éminents dirigeants khmers rouges viennent d’être condamnés à la prison à vie pour « génocide ». Le terme vient enfin d’être utilisé ! Il aura fallu 40 longues années pour reconnaitre que le massacre des années 70 fut un génocide : deux millions de morts, soient 15% de la population !
Qui sont-ils ?
- Nuon Chea (92 ans) lieutenant de Pol Pot et
- Khieu Samphan (87 ans) chef de l’Etat du « Kampuchéa démocratique ».
Enfin le terme de “génocide”
Contrairement à son turbulent voisin vietnamien, le Cambodge avait obtenu en 1953 son indépendance (la France était son protecteur depuis Napoléon III). La monarchie de Norodom Sihanouk devint constitutionnelle. La guerre qui sévit dans les années 60 de l’autre côté de la frontière va toutefois l’éclabousser et déstabiliser le tranquille Cambodge. Le Vietcong y établit ses bases arrières attirant ainsi sur les bords du Mékong les bombardiers américains. Pol-Pot de son côté (revenu au Cambodge en 1953) ne voyait l’avenir de son pays natal que dans la Marxisme-Léninisme.
Le modèle chinois de Mao (la révolution culturelle), fondé sur un retour à la terre, devint pour lui un objectif à atteindre. Les paysans devaient être le fer de lance de la révolution (de toute façon, le Cambodge était dépourvu d’industrie et les ouvriers trop peu nombreux). Il rejoignit le parti communiste embryonnaire, puis en 1960 son comité directeur. Il en prit le contrôle aidé par ses anciens amis parisiens. Il fut stigmatisé par Sihanouk qui voyait en lui un ennemi de la Nation, ce qui le poussa dans le maquis où il fréquenta les communistes combattants vietnamiens.
Lon Nol, soutenu par les Américains, a déposé Siahnouk (profitant de son voyage en Chine) et devint en 1969 premier ministre. Lon Nol était résolument de droite, pro-occidental, et farouchement anti-communiste de manière générale et anti-vietnamien en particulier. Il ne pouvait être que l’ennemi de Pol-Pot. Il lança quelques opérations contre les maquis mais essuya de nombreux revers, malgré l’aide massive des bombardiers américains. Cette « aide » américaine a m^me pour conséquence de pousser la population dans les rangs Khmers rouges. En 1973, la capitale Phnom-Penh était menacée par les armées des Khmers rouges ! Et le 17 avril 75, la capitale tombe.
Au premiers instants, la population salua l’entrée des troupes Khmers rouges. Mais bien vite, on s’interrogea ! Les soldats demandèrent à la population de quitter la vielle, vieillard et malades compris. Pour quelques jours seulement. Le temps d’échapper aux bombardements américains. Phnom-Penh fut vidée de ses âmes par Angkar (l’organisation en Khmer) . Le programme de retour à la terre et de rééducation massive des élites était engagée. Il allait faire deux millions de morts. Les gens de la ville furent mis aux travaux forcés, tous égaux dans la misère, la boue et la famine.

Le Cambodge vit sa classe moyenne décimée : les médecins, les ingénieurs, les professeurs, les magistrats… furent systématiquement éliminés. 20 000 personnes périrent au S-21 sous la direction de Ducth. 14 seulement survécurent. Il fallut attendre une intervention vietnamienne en 1979 pour que cessât le massacre. Pol-Pot retourna dans la clandestinité. Le nouveau régime pro-vietnamien le condamna à mort (par contumace) mais ne put jamais exercé la sentence. Ce fut la malaria qui eut raison du plus grand des génocidaires du XXème siècle en 1998 !

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