
La France est le pays des inégalités
FAUX : s’il est vrai que des Français soufrent, nos défavorisés sont les plus favorisés (ou presque) du monde. Tous les grands organismes qui travaillent sur le sujet (l’OCDE, Eurostat ou la banque mondiale) le disent : seuls la Finlande et le Danemark font mieux. Le système de redistribution français réduit l’écart entre les 10% les plus riches et les 10% les moins riches. Le ratio en France est de 3.5 (7 aux RU).
Parmi les contre-vérités, idées fausses, qui tournent en boucles sur les panonceaux des gilets jaunes certaines sont emblématiques du manque d’objectivité et du comportement Français : si la température ne nous convient pas, on accuse le thermomètre. Quelques exemples :
La dette n’est pas un problème…
FAUX : Elle le sera pour les générations futures : le recours à l’emprunt pour acheter (depuis 1974) la paix sociale fait que sur 100 € d’impôts, 20 sont consacrés au remboursement de la dette. Demain, 30, 40 ou 50. La dette nous rend dépendant de la finance (qui spécule sur cette dette), bref nous lie à tout ce que les gilets jaunes haïssent. Tous les ans, le remboursement des seuls intérêts de cette dette nous coûte 40 milliards d’€ c’est-à-dire 4 fois le plan d’urgence. La dette sera l’impôt encore plus lourd de demain.
De l’argent : il y en a
En 2009, on a trouvé des milliards pour les banques ! C’est vrai. Nicolas Sarkozy a sauvé les banques avec de l’argent public. Où l’a-ton trouvé cet argent miracle ? En empruntant. Il n’y avait pas de cagnotte cachée. Le déficit budgétaire est monté à 7.5 %.

Les riches ne payent pas d’impôts…
FAUX : Les 10% les plus riches payent 70% de l’impôt. Sans les impôts, les 20 % les plus riches gagneraient 60 000 € par an, soient 9 fois ce que gagneraient les 20 % les moins riches. Une fois les impôts prélevés et redistribués sous la forme de prestations sociales, le ratio tombe à 3.5.
On pourrait rembourser la dette si on voulait
FAUX : sans l’aide des fonds internationaux qui nous prêtent 100 milliards d’Euros par an, 1 fonctionnaire sur trois ne serait pas payé.
Tout augmente
FAUX : l’inflation n’a jamais été aussi faible (1.4% par an depuis 15 ans, y compris avec le passage à l’Euro). En 1974, elle était de 14%. En revanche, il est exact que les besoins ont été décuplés : abonnements internet, smartphone, ordinateurs, tablettes, consommation accentuée par des sites comme Amazon. Le logement est devenu une charge importante : mais ce n’est pas l’Etat qui fait les loyers. Avec les 30 glorieuses, une grande partie de l’immobilier est passé dans les mains des soixante-huitards, aujourd’hui retraités. C’est là qu’il faut regarder.
Le pouvoir d’achat diminue
FAUX : seules deux années ont vu reculer le pouvoir d’achat : 2012 et 2013. En revanche, certaines situations familiales difficiles (femmes seules avec des enfants) se sont multipliées.
C’est à cause du libéralisme à outrance…
FAUX : le premier argument se construit en observant les pays qui ont tourné le dos au libéralisme. On constate leur état de délabrement (ancienne URSS, Cuba, Vénézuela de Maduro, Brésil de Lula, Corée du Nord…). Le second se dessine en observant cette fois-ci les pays ayant adopté un système libéral : la France est le pays libéral qui consacre la plus grande part de son budget à la redistribution (34% du PIB) : en ce sens, la France est le pays le moins libéral (35 heures, droit au chômage, retraités, sécurité sociale, éducation nationale, effectifs de la fonction publique…) et le plus “socialiste”.
Le SMIC est trop bas
FAUX : pour commencer, il est l’un des plus élevés des pays de l’OCDE. Dans un monde ouvert, un coût du travail élevé signifie bien entendu moins de compétitivité et donc plus de chômage et plus de SMIC du tout. Le phénomène endémique du cout du travail élevé a été accentué par le passage au 35 heures : on travaille en France 20% de moins que dans les autres pays de l’OCDE.
On donne trop d’argent aux entreprises (CICE)
FAUX : le CICE permet de donner un peu d’air à nos entreprises, notamment dans le secteur de l’industrie hyper-concurrentiel, et donc de maintenir l’emploi. Augmenter le SMIC et annuler le CICE reviendraient toujours à la même chose : plus de chômage.
ISF : cadeau aux riches
En effet. Pourquoi Carlos GHON s’est-il domicilié aux Pays-bas ? Facile : il n’y a pas d’ISF. L’ex-patron de Renault ne paye donc pas l’ISF. En fait, il ne paye pas d’impôt du tout en France. S’attaquer aux contribuables aisés soulage sur le moment (castration du père décrite par Freud). A terme, ça les fait fuir. La charge de l’impôt repose alors sur un plus petit nombre de contribuables, moins aisés, qu’il faut donc encore plus ponctionner. Le cercle devient vicieux. Les capitaux manquent pour financer l’industrie qui meurt à son tour. Le chômage augmente.
Y’a qu’à s’attaquer à la fraude fiscale !
VRAI : c’est d’ailleurs le sport numéro UN des agents de Bercy. Mais il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour récupérer les 100 milliards d’€ qui s’évadent chaque année. Personne n’encourage cette fraude, à commencer par l’Etat. Les gilets jaunes associent “fraude fiscale” (illégale) et “optimisation fiscale” (légale), plus communément appelée “niches fiscales”. Une niche fiscale n’est pas une suppression de l’impôt : installer des panneaux solaires, isoler sa maison, acheter un véhicule électrique, embaucher un salarié à domicile, investir dans les DOM-TOM sont des actions éligibles au crédit d’impôt : ce sont des niches fiscales qui ont été mises en place pour encourager des dynamiques vertueuses : protection de l’environnement, réduction du chômage, développement de l’outre-mer.
En conclusion
On ne fera pas boire un âne qui n’a pas soif.
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