
J’ai adoré SAPIENS, alors je me suis laissé tenter par ce nouveau livre de Yuval NOAH HARARI : 21 leçons pour le XXIème sècle.
Un résumé et un avis critique 21 leçons pour le XXIème siècle de Yuval NOAH HARARI
La fin de l’histoire
Yuval HARARI constate que les histoires (vers un avenir meilleur) que l’on nous a racontées ont toutes échouées : Fascisme, libéralisme et communisme ont tous eu leur heure de gloire mais se sont discrédités les uns après les autres. Le Fascisme avec la défaite des armées nazies, le communisme avec la chute du mur de Berlin. Le libéralisme s’est montré plus élastique, plus souple, capable d’encaisser les secousses. Les historiens ont d’ailleurs pronostiqué “la fin de l’histoire”, lorsque le libéralisme s’est retrouvé seul sur la scène des utopies. Mais lui aussi est en crise. S’il a permis de faire tomber les frontières, de donner accès à l’information partout sur terre, de rapprocher les peuples, il a généré des inégalités jamais constatées jusqu’alors : le capital n’est plus aujourd’hui dans les mains des grands industriels, il l’est dans les mains des géants des Big data et de l’intelligence artificielle.
La fin du travail
Le libéral du XXème siècle a été obligé de prendre soins des masses laborieuses : elles faisaient tourner ses usines. Par ailleurs, leur soulèvement pouvait mettre en péril le système tout entier. La disparition d’un métier (cocher par exemple) était complétée par la création d’autres qui supposaient des compétences à peu près similaires : chauffeur de taxi ou caissier. Aujourd’hui la donne a changé. Avec la robotisation, les tâches “simples” disparaissent les une après les autres. D’autres métiers sont inventés (pilote de drone) mais qui exigent un tel niveau de compétence qu’ils excluent une bonne partie de la population. La société d’ingénieurs à venir va générer une société de gens devenus inutiles. On pourra alors leur donner un revenu universel couvrant leurs besoins de bases, mais on ne pourra guère leur garantir une “utilité”.
Deux humanités
Dans ce nouveau monde, l’humanité sera couper en deux : d’un côté les détenteurs de l’intelligence (big-data, block-chains, IA) de l’autres les gens inutiles. La première catégorie va concentrer encore plus la richesse et sera invulnérable car elle pourra se passer de la seconde. Avec la Biotech elle pourr recourir aux technologies permettant d’améliorer l’humain, en prolongenat la vie et en améliorant la santé. La seconde n’aura pas le possibilité de franchir le fossé : on ne fera jamais d’un caissier un designer de monde virtuel.
Les dangers de l’IA
L’IA va-telle rendre l’homme inutile ? L’homme a deux genres de compétences : la force physique et la force cognitive. Au cours du XXème siècle, la force physique a été confiée aux machines. Mais la force cognitive est restée le territoire exclusif de l’humain. De telles sortes que l’homme, libéré des travaux difficiles, a pu se concentrer sur les travaux intellectuels en les développant et en maintenant ainsi le niveau d’emplois. Aujourd’hui l’IA conteste l’homme sur ce dernier territoire : plus aucune humain ne peut aujourd’hui espérer battre un ordinateur jouant aux échecs. Les ordinateurs font mieux que les médecins dans l’analyse d’images. Un robot, à l’abri d’émotions parasites, fera mieux qu’un soldat sur le champ de bataille, la voiture autonome mieux qu’un conducteur sur la route. Alors ? Il est probable que le phénomène de remplacement des emplois observé au XXème siècle ne se reproduise pas au XXIème ! Car on ne sait pas jusqu’où peut aller l’automatisation des tâches : on peut remplacer un pilote de mirage par un pilote de drone mais demain, on saura aussi automatiser le pilotage du drone. Cela suppose donc une flexibilité accrue des compétences pour les adapter sans cesse aux évolutions technologique. Ni l’art, ni la création ne sont à l’abri : une IA capable d’analyser les émotions sera capable de composer un morceau personnalisé.
L’exemple de la voiture autonome
Un réseau de voitures autonomes, même imparfait, est bien plus sûr que le meilleur des conducteurs : car il n’y a plus d’individualité. Chaque véhicule est relié aux autres, communique en permanence, parvient donc à anticiper parfaitement les réactions de leurs congénères ce qu’aucun humain, enfermé dans son habitacle, n’est capable bien entendu de faire. Pourtant, la voiture autonome pose un problème philosophique connu sous le terme de syndrome du Tramway : le véhicule peut être amené a prendre dans l’urgence des décisions difficiles : l’accident étant inévitable, vaut-il mieux écraser la femme et au landau qui traverse la rue ou bien sacrifier le passager ? Un humain n’aurait pas le temps de réfléchir et agirait d’instinct, sans réflexion. Au contraire, la machine a réfléchi, en termes philosophiques, à cette situation en amont (comme toutes les autres situations possibles). Le logiciel qui pilote la voiture autonome dispose ainsi des compétences d’un Kant, mais aussi celle d’un Schumacher, considérant que sa conduite est parfaitement respectueuse du code de la route et optimisée en termes de prise de risque.
Pas de skynet
L’IA pourtant n’aura pas accès à la conscience comme souvent dans les films de science-fiction comme Terminator. Donc pas de risque d’autonomie dans ses décisions.
Une seule nation : l’humanité
Contrairement à l’idée reçue, il y a peu de différences entre les différents peuples, que l’on soit iranien, israélien, américain ou français. Nos systèmes fonctionnent sur la base d’une économie plus ou moins libérale qui finance plus ou moins une solidarité nationale (école, hôpitaux,..). Mettez autour d’une table les meilleurs ennemis du monde, ils parleront le même langage économique et pourront commercer. On constate aujourd’hui, notamment avec le BREXIT et les élections de TRUMP (America first), d’Orban, d’Erdogan… à une montée des populistes. Or nous avons à traiter aujourd’hui, sous peine de disparaitre, trois grands périls :
- le péril écologique ;
- le péril nucléaire ;
- le péril technologique (infotech+biotech).
Ces trois périls ne peuvent pas être à l’échelle réduite de la Nation. Même si les Maldives installent des panneaux solaires sur tous leurs bâtiments, leurs îles pourront demain être submergées par les eaux si les USA et la Chine ne font rien.
Religion
Lorsque l’on pose la question de l’existence de Dieu, deux types de réponses sont possibles, en fonction de ce que l’on entend par l’objet “Dieu” : le mystère cosmique ou le législateur du monde. Certains voient dans Dieu la réponse aux questions insolubles du type : Qui avait-il avant le Big Bang ? ou Qu’est ce que la conscience ? ou Qui a établi les lois fondamentales de la physique ? On met sur notre ignorance un nom : Dieu. D’autres voient dans Dieu le “législateur austère”, celui qui nous dit comment nous comporter. Du premier, nous ne savons à peu près rien. Du second, nous savons à peu près tout, ce qu’il pense, ce qui lui plait.
Quand on débat de l’existence de Dieu, le fidèle invoque le premier Dieu (le mystère du cosmos) pour justifier son existence et le second pour nous dire comment nous comporter (ne pas porter de bikini sur une plage). Aucun lien logique n’existe entre celui qui a créé l’Univers et celui qui interdit le maillot de bain. Et pourtant… Les écritures sont pleins de ses règles, parfois ridicules, souvent contradictoires. La main de l”homme n’est pas loin.
Ethique sans dieu
On pourra avancer que les religions ont permis la vie en société en édictant des lois morales. Pourtant, on se rend compte que des états laïcs (Danemark par exemple) se passent de la religion pour vivre en harmonie et que d’autres s’appuient sur la religion pour se transformer en véritable dictature (théocratie). On se rend compte que la compassion, élément essentiel de la vie en société, est naturelle. Les animaux sociaux (loups, lions, chimpanzés) font preuve instinctivement de compassion pour le plus faibles. Le bonheur est souvent indissociable de cette compassion et des liens sociaux qu’elle suppose. Bref une société laïc et morale est tout à fait possible. Le fait que l’homme fuit naturellement la souffrance (et celle des autres) est le garant d’une vie en société.
Un monde trop complexe
Nos ancêtres chasseurs-ceuilleurs pouvaient se vanter de disposer d’un savoir universel sur le fonctionnement du monde qui les entourait. Aujourd’hui, personne ne dispose d’un tel savoir. Ce qui rend complexe la notion de justice : il y a 10 000 ans, un vol était un vol : il concernait un objet matériel. Si aujourd’hui je place mon argent dans une compagnie qui fait des bénéfices sur le dos des enfants-travailleurs ou qui polluent une rivière. Suis-je un voleur ? On consomme chaque jour des dizaines de biesn dont on ne connait pas l’origine. On participe, sans le savoir, à la maltraitance animale, au dérèglement climatique, à l’enrichissement d’un cartel de malfaiteurs ; en d’autres termes, la justice de vient un art complexe, pour ne pas dire illusoire.
Comment réduire la complexité des grands problèmes moraux
Quatre méthodes (bien connues des gilets jaunes) pour rassurer les foules :
1- simplifier à l’extrême en considérant (par exemple) que la guerre en Syrie est une guerre entre deux individus : Assad d’un côté et Al Bagdadi de l’autre, avec un bon et un méchant. Il se passe la même chose en France avec d’un côté méchant président Macron et de l’autre le gentil gilet jaune ;
2- Concentrer sur une histoire humaine particulièrement touchante (un enfant abandonné, une mère malade séparée, un handicapé…) ;
3- Bâtir une théorie du complot : l’économie mondiale étant trop complexe, mieux vaut dire que 20 milliardaires tirent les ficelles ou la CIA ou les francs-maçons ou les médias ;
4- Créer un dogme : le RIC résoudra tout nos problèmes.
Ces méthodes cherchent à nier la complexité du monde. Elle ne garantissent nullement la justice.
Un résumé et un avis critique 21 leçons pour le XXIème siècle de Yuval NOAH HARARI
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.