
Un ouvrage qui vise à démontrer que les théories des économistes hétérodoxes (à commencer par Thomas Porcher) ou atterrés sont irréalistes et nient la réalité. Les auteurs s’appuient sur des exemples concrets pour mettre en évidence que leurs recettes désespérément ancrées dans le schéma marxiste de la lutte des classes (recettes qu’ils qualifient de “naïves”, de “militantes” (de gauche), d’extravagantes) ont été essayées et ont été soldées par des échecs et, qu’au contraire, d’autres outils ont porté leurs fruits.
L’économie est une science complexe
Les deux auteurs montrent que les théories des économistes atterrés (ou hétérodoxes) ont été invalidées par de nombreux exemples. Ils reconnaissent que c’est un sujet difficile qui doit, comme toutes les sciences, être soumis à l’épreuve de l’expérimentation. Par exemple, ils montrent comment deux états américains disposant de législations sur le travail très différentes (toutes choses étant égales par ailleurs) ont eu des destins très différents.
Un des arguments fort contre les hétérodoxes (ou atterrés) est le constat de leur farouche opposition aux faits, à la vérification, à l’expérimentation. Les solutions miracles proposées par les hétérodoxes (ou populistes) conduiraient à une perte totale de compétitivité de nos entreprises, une perte de production de richesses et donc à moins de ressources à partager.
Un second argument se construit en constatant que ces économistes atterrés refusent de publier dans des revues scientifiques et donc d’être soumis à la critique de leurs pairs.
Une voix : celle de Jean Tirole (prix Nobel d’économie) :
Il est indispensable que la qualité de la recherche soit évaluée sur la base de publications, forçant chaque chercheur à se confronter au jugement par les pairs. C’est le fondement même des progrès scientifiques dans toutes les disciplines. Chercher à se soustraire à ce jugement promeut le relativisme des connaissances, antichambre de l’obscurantisme. Les économistes autoproclamés “hétérodoxes” se doivent de respecter ce principe fondamental de la science. La création d’une nouvelle section du CNU vise à les soustraire à cette discipline . Jean Tirole.
Le négationnisme économique de Pierre Cahuc et André Zylberberg – Un extrait
De Sartre aux « atterrés “
Dans trois textes datant de 1965, Jean-Paul Sartre a « théorisé » la différence entre les « vrais » intellectuels, forcément anticapitalistes, et tous les autres, les « faux » intellectuels, complices volontaires ou non du « système ». Pour Sartre, le vrai intellectuel est un « technicien du savoir » conscient que sa connaissance est façonnée par l’idéologie dominante. Dès lors, l’intellectuel doit combattre l’idéologie dominante afin d’être en mesure de produire du vrai savoir. Il en résulte que le technicien du savoir doit d’abord extirper l’hydre capitaliste qui lui ronge le cerveau. La théorie sartrienne continue d’inspirer les intellectuels « critiques » ou anticapitalistes. Telle est dans son principe la démarche des économistes qui s’autodéclarent « hétérodoxes » et prétendent s’opposer aux économistes qu’ils nomment « orthodoxes ». Que faut-il entendre derrière cette distinction? Les économistes « orthodoxes » représentent l’écrasante majorité des chercheurs dans le monde, même si beaucoup d’entre eux récusent ce qualificatif dont ils sont affublés par une minorité. Ils mènent des travaux théoriques et appliqués publiés dans des revues soumises aux mêmes règles que celles de toutes les autres disciplines scientifiques. Ils pratiquent l’économie comme une science expérimentale recherchant les causes des phénomènes. Pour savoir, par exemple, si une hausse du salaire minimum a un effet sur l’emploi, ils comparent des groupes de salariés bénéficiant de cette mesure avec des groupes de salariés similaires n’en bénéficiant pas. Les économistes hétérodoxes refusent d’entrer dans ce moule. Ils préfèrent rester fidèles à la conception sartrienne de l’intellectuel engagé et (forcément) anticapitaliste. En France, ils se reconnaissent pour la plupart sous la bannière des « Économistes atterrés ». En novembre 2010, ils ont publié un « Manifeste d’économistes atterrés », rédigés par Philippe Askenazy, Thomas Coutrot, André Orléan et Henri Sterdyniak, qui recense les « fausses évidences » inspirant la politique des pouvoirs publics (il faut évidemment comprendre les « fausses évidences » inspirées par les économistes orthodoxes). Ces Économistes atterrés, présents quasi quotidiennement dans les médias, accusent les économistes orthodoxes d’intervenir dans le débat public « pour justifier ou rationaliser la soumission des politiques aux exigences des marchés financiers.
Ils dénoncent une science économique « orthodoxe » au service du (néo, ultra ou ordo) libéralisme, idéologie dominante contemporaine. Cette science ne sert qu’à défendre les intérêts de la classe dominante, composée selon la circonstance des banquiers, des grands patrons, des traders, des 1 % des plus riches… Dans ces conditions, l’utiliser pour améliorer le sort de ceux qui ne font pas partie de la classe dominante est une illusion. Il faut donc s’y opposer.
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