L’erreur et l’orgueil de Roger SCRUTON

L’erreur et l’orgueil de Roger SCRUTON – un résumé et un avis critique

Si on devait choisir un intellectuel pour incarner le livre de Scruton, notre choix se porterait sur Sartre : incroyablement persistant dans l’erreur (de diagnostic), il ne s’est jamais dédit, trop orgueilleux, étanche aux preuves irréfutables que l’on a mis devant ses yeux, il a continué à soutenir des dictateurs, des tortionnaires…

Le citoyen soviétique possède, à mon avis, une entière liberté de critique Jean-Paul SARTRE. 1954.

Roger SCRUTON analyse avec finesse comment les intellectuels dits “de gauche” français, malgré la cruauté de faits qui leur ont donné tort avec une régularité mathématique, ont persisté dans l’erreur en soutenant l’insoutenable, des régimes soviétiques ou cambodgiens à la Révolution iranienne. Aveugles sans doute, orgueilleux sûrement, de Sartre à Foucault, notre contingent riche de dizaines de noms célèbres a oublié la beauté du Mea culpa : peut-on les qualifier d’imposteurs ? Peut-on les accuser des difficultés françaises ayant fait croire pendant des décennies à des chimères, l’utopie communiste par exemple ?

Roger Scruton est dans l’autre camp politique bien sûr : il est sujet de sa gracieuse majesté et garnit les rangs des conservateurs britanniques. Mais c’est un progressiste, toujours favorable aux réformes lorsqu’elles sont justifiées. Il serait chez nous de centre-droit, probablement encarté au MODEM.

L’erreur et l’orgueil de Roger SCRUTON

Roger Scruton est un artilleur. Il tire sur tout ce qui bouge, surtout lorsque ça vient de sa gauche. Ses compatriote Thompson et Hobsbawn d’abord, historien du communisme anglais essuient les premières rafales.

Sartre

Sartre dispose d’une place de choix : Un chapitre entier lui est consacré à Sartre. Sartre croyait à la liberté totale de l’individu qui pouvait construire son destin : “l’existence précède l’essence” disait-il. L’individu doit donc choisir ce qu’il veut devenir. Cette autonomie, cette faculté de donner soi-même un sens au monde est source de nausée, d’angoisse. Scruton pose alors une question simple : comment Sartre, en partant d’un tel postulat, d’un individu qui doit se construire, créer sa propre loi, a-t-il pu plébisciter le socialisme qui est la négation même de l’individu et l’affirmation de la collectivité et par conséquent l’inverse de sa philosophie ? De même comment a-t-il pu, en 1979, soutenir la pire théocratie en devenir, celle de l’Ayatollah Khomeini. Pour Sartre, tout ce qui s’opposait au capitalisme était bon à prendre, du régime Khmer rouge de Pol-Pot aux délires religieux de l’Islam radical.

Sartre et Beauvoir, militants de la gauche radicale, ont stupidement cru, à l’aune très réductrice de leur propre dualisme politique, que tout était bon pour s’opposer à l’impérialisme américain et, donc, à la droite capitaliste, y compris s’acoquiner avec le diable (que ce fût un fondamentaliste musulman tel que Khomeiny ou un communiste aussi fou furieux que Pol Pot, responsable, lorsqu’il était à la tête des Khmers rouges, de l’un des pires génocides de l’histoire). Daniel Salvatore Schiffer

Foucault

Foucault a cherché à démonter les rouages de la société et, plus particulièrement, à décrypter les mécanismes de dominations qui existent à tous les étages : les parents sur les enfants, le mari sur sa femme, le patron sur les ouvriers… Lorsqu’un contact se crée entre individus une hiérarchie se met en place naturellement. Toute dichotomie est source de rapport de force. Le pouvoir génère de la domination. Pour Scruton, Foucault est un Marxiste nostalgique. A propos de la Révolution iranienne de 1979, Foucault écrit :

C’est l’insurrection d’hommes aux mains nues qui veulent soulever le poids formidable qui pèse sur chacun de nous, mais, plus particulièrement sur eux, ces laboureurs du pétrole, ces paysans aux frontières des empires : le poids de l’ordre du monde entier. C’est peut-être la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte et la plus folle. Foucault

Roger Scruton : l’erreur et l’orgeuil

Tous les idoles en prennent pour leur grade. Le principal reproche qu’adresse Scruton à nos intellectuels est de persister dans l’erreur malgré la cruauté des faits : le goulag, les famines, les dictateurs qui ont jalonné tous les régimes de gauche sont oubliés ou relativisés. Comment expliquer que Foucault et Sartre aient soutenu la révolution iranienne et son leader Khomenei ? Où voyaient-ils donc du progrès dans cette théocratie naissante ? Il faut leur reconnaître une sacré résilience.

Aujourd’hui de nouveaux intellectuels (un certain Jean-Luc M. ou un François R. par exemple) empruntent le même chemin : Chavez est leur nouveau héro, Maduro son héritier.

Comme le dit Franz-Olivier Gisbert

A entendre les penseurs de la nouvelle gauche, la France est un pays totalitaire, aux mains d’une oligarchie financière qui noie les manifestations dans le sang [..] Le grand malheur du Venezuela est d’être tombé un jour sous le joug d’un mirliflore de gauche, le commandant Chavez, devant lesquels les tiers-mondistes mondains en France étaient tombés en pâmoison. Après que son socialisme eut réussi l’exploit à ruiner un pays qui dispose des plus grandes réserves en pétrole du monde, son héritier, Maduro pouacre carnavalesque continue le travail avec le succès que l’on fait en remplissant ses poches et celles de ses sicaires. Franz-Olivier Gisbert

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