J’ai lu pour vous Diên Biên Phu de Pierre Pellissier

13 mars 1954. Béatrice, point d’appui avancé du camp retranché de Diên Biên Phu, 13 500 hommes commandés par le général De Castries, la fine fleur de l’armée française, subit les premiers assauts du Viêt-Minh, les troupes révolutionnaires fanatiques de GIAP. Ceux qui comme le “généchef” Navarre pensaient tendre un piège à Oncle Hô sont bien obligés de constater leur erreur manifeste. Dans la moiteur de l’Indochine, dans les tranchées inondées où s’entassent des centaines de blessés, les obus pleuvent sur les derniers soldats valides du corps expéditionnaire français, submergé par les vagues incessantes de Bodoïs qui viennent s’écraser sur les dernières défenses, s’accrocher aux barbelés. Déjà d’autres Bodoïs creusent des tranchées dans les collines débouchant à quelques mètres des défenses françaises. Personne à l’État major n’avait pensé que ces paysans en pyjamas noirs auraient été capables d’un tel exploit : acheminé autour de la cuvette une puissance de feu considérable, digne des plus grandes armées. Et tout ça à bicyclette, le long de voies tracées dans la jungle jusque dans les profondeurs de la Chine de Mao. L’artillerie Viêt est aussi dangereuse qu’insaisissable. Complétée par la DCA, elle empêche bientôt tout ravitaillement. Seuls les parachutages d’hommes ou de matériels parviennent encore au corps expéditionnaire. Le colonel Piroth, qui avait promis de faire taire, l’artillerie rouge s’est suicidé en s’allongeant sur une grenade dégoupillée. De Castries, enterré dans le GONO, commence à perdre espoir, malgré enthousiasme de Bigeard.

La dernière demeure du général Bigeard
Marcel BIGEARD

Isabelle, le dernier point d’appui résiste encore. Mais le 7 mai 1954, à bout de munitions, le camp capitule. Tout est fini. 4000 soldats sont morts et 13 500 supplémentaires sont fait prisonniers. La guerre d’Indochine s’achève pour les Français avec les accords de Genève 21 juillet 1954. Pour les prisonniers, l’enfer continue. Il prend la forme de marches interminables dans la jungle, de maladies, de parasites… Peu reviendront de cet enfer Rouge voulu par Oncle Hô.

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Diên Biên Phu

J’ai lu pour vous Diên Biên Phu de Pierre Pellissier

Pierre Pellissier est sur tous les fronts. Sur le terrain, bien sûr, où il suit les préparatifs, le creusement des tranchées, l’alignement des barbelés, les patrouilles dans la jungle toujours dangereuse ; mais aussi à Paris, sur les bancs de l’Assemblée qui font et défont les majorités ou à Washington avec les diplomates qui quémandent l’aide US. Avec un luxe de détails, il nous fait vivre le quotidien des hommes qui vont mourir, ces volontaires qui montent dans les Dakotas pour aider les camarades, jetés du ciel dans l’enfer de la cuvette, avalés par la boue des tranchées lorsqu’ils ne tombent pas directement chez les Viets, marchant sur les cadavres que l’on n’a pas eus le temps d’enterrer.

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Ce qui reste du corps expéditionnaire est pris dans les mâchoires impatientes de l’artillerie d’Hô-Chi-Minh, le Président qui déverse sur les lignes françaises des fleuves de Bodoï, la plupart sacrifiés pour gagner quelques mètres. Les points d’appui tombent les uns après les autres, les plus au nord Gabrielle et Béatrice, puis les Anne-Marie. L’étau se resserre autour du PC GONO, où se tient l’État major de De Castries, protégé par Les Éliane de Bigeard, les Dominique et les Isabelle plus au sud. Et puis, à la veille des accords de Genève, le cessez-le-feu est décidé. Mais il est interdit aux derniers défenseurs de lever le drapeau blanc. Ce n’est pas une capitulation, plutôt une défaite dans l’honneur. C’est le début d’un autre enfer pour les survivants, alignés par leurs geôliers dans des colonnes interminables. Peu reviendront.

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carte de Dien Bien Phu

Un livre un peu long mais à lire absolument.

Quelques points de repères sur la guerre d’Indochine

En 1945, profitant de la faiblesse française faisant suite à la seconde guerre mondiale, un mouvement d’indépendance d’inspiration communiste, le Viêt-Minh , prit le pouvoir au Vietnam, à l’origine pour se débarrasser de la présence japonaise. La France, soucieuse de sa souveraineté dans la région, envoya l’année suivante (1946) un corps expéditionnaire. Le bombardement par la flotte française des troupes Viêt-Minh signa officiellement le début du conflit. Simple guerre d’indépendance, au début, aux caractéristiques proches de la guérilla, la guerre d’Indochine s’inscrivit petit-à-petit dans le contexte plus général de la guerre froide avec :

  • d’un côté, le soutien de la Chine au Viêt-Minh qui transforma des éléments hétéroclites en véritable armée dotée d’artillerie, de moyens de transport et de communication ;
  • de l’autre, le soutien (surtout financier) américain aux Français ; l’idée étant, pour l’oncle Sam, que l’idéologie communiste ne se propageât pas au reste de l’Asie du sud-est.

La défiance de l’opinion publique, mais surtout la défaite de Diên Biên Phu en 1954 sonnèrent le glas de la présence française et la partition du pays en deux avec au nord (au Tonkin) un régime communiste et au sud une région sous administration française.

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