
Un petit texte pour commencer :
Le premier et le plus grand intérêt public est toujours la justice. Tous veulent que les conditions soient égales pour tous et la justice n’est que cette égalité. Le citoyen ne veut que les lois et que l’observation des lois. Chaque particulier dans le peuple sait bien que s’il y a des exceptions, elles ne seront pas en sa faveur. Ainsi tous craignent les exceptions et qui craint les exceptions aime la loi. Chez les chefs, c’est tout autre chose [..], ils cherchent des préférences partout. S’ils veulent des lois, ce n’est pas pour leur obéir, c’est pour en être les arbitres. Ils veulent des lois pour se mettre à leur place et pour se faire craindre en leur nom. Tout les favorise dans ce projet. Ils se servent des droits qu’ils ont pour usurper sans risque ceux qu’ils n’ont pas. Jean-Jacques ROUSSEAU
Jean-Jacques Rousseau ou l’art de vivre ensemble (sans se taper dessus) par le Contrat social
Rousseau observe que l’état de nature (avant la fondation de la cité) était un état de guerre permanent entre les hommes, le plus fort dominant le plus faible, avant de se faire supplanter par encore plus fort ou par une association de faibles.
L’homme est un loup pour l”homme. Hobbes.
La vie en société n’est pas pour Rousseau un état naturel (contrairement à ce que pensait Aristote), mais nécessite un effort de chacun et surtout des règles de vie édictées dans le Contrat social.
L’homme st un animal politique. Aristote
En particulier, ROUSSEAU demande aux plus forts de renoncer à leur pouvoir naturel de nuisance. En retour, ils reçoivent, dans le cadre du contrat social, la protection du groupe et la garantie de paix. Rousseau établit ces règles qui doivent permettre une certaine harmonie dans les rapports humains. Ces règles (ou Lois) doivent être l’expression de la seule volonté générale ; les intérêts particuliers doivent être chassés de la cité.
L’état de nature est la guerre de tous contre. Hobbes.
Tout le monde devrait aimer la police
Rousseau définit la liberté comme le respect de la Loi que l’on s’est prescrite. Pour faire respecter cette Loi par tous, et garantir ainsi la liberté (le respect de la loi), il faut une force de maintien de l’ordre, seule dépositaire de la violence légale. En effet, chacun a tendance à retourner à son état de nature en contournant la Loi pour privilégier ses propres intérêts particuliers. Sans police, il n’y a donc pas de Contrat social possible et c’est un retour à l’état de nature (autrement appelé l’Anarchie).
Les chefs et les moins-chefs
Rousseau montre que chacun risque d’avoir une conception différente de la loi qui est fonction de sa position dans la société. Les gens d’en bas veulent l’application intégrale des lois (suppression des niches fiscales par exemple) et ceux d’en haut veulent une Loi qui leur profite (création de niches fiscales). Rousseau souhaite un exécutif fort pour garantir la paix civile. Cet exécutif doit être guidé dans son action par la seule volonté générale établie dans la Loi par les représentants du peuple (Députés et Sénateurs). Car Rousseau, fin observateur de son siècle, sait qu’un chef a la fâcheuse tendance à se servir d’abord. Pour éviter les dérives d’un chef, le régime démocratique basé sur la séparation des pouvoirs (théorisée par Montesquieu) est la solution. Le Parlement et le Conseil Constitutionnel assurent les contre-pouvoirs (et certainement pas une foule qui peut aisément se transformer en despote).
Le pouvoir corrompt ; le pouvoir absolu corrompt absolument. Montesquieu.
Justice ou égalité ?
Pour Jean-Jacques ROUSSEAU, la justice est l’égalité des conditions (égalité devant la Loi) ; ce n’est donc pas l’égalité intégrale (par exemple des revenus). Tout le monde dispose des mêmes chances (encadrées par la Loi) au départ, mais chacun peut évoluer différemment selon ses compétences ou son mérite.
La justice n’est pas l’égalité
Dans une société qui produit des richesses en quantité limitée, la plus grande injustice serait, selon Rousseau, de donner la même chose à ceux qui travaillent ardemment pour l’intérêt général et à ceux qui ne font rien. La justice n’est donc en aucun cas une redistribution égale des richesses. Clairement, Rousseau n’est pas communiste. Il voit dans la justice, pilier central du Contrat social, une juste répartition des richesses fonction des efforts de chacun. Rousseau plébiscite une société fondée sur la méritocratie.
L’égalité intégrale est la garantie de paupérisation
Par ailleurs, un égalitarisme pousser à l’extrême (outre le fait qu’il serait injuste) consisterait à donner la même chose à tous et reviendrait à tuer dans l’œuf toutes les bonnes volontés, tout esprit d’initiative, tout goût pour l’effort, et à mettre en péril la société. L’expérience de l’URSS de Staline ou, plus près de nous, Vénézuélienne en sont de bonnes illustrations. Lorsqu’il y a égalitarisme, il y a inévitablement paupérisation.
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