Le débat biaisé sur la toxicité des OGM

Il y a quelque chose de religieux dans la façon de penser de nos écologistes modernes. Ainsi, cette manière de personnaliser la planète, notre mère créatrice et porteuse à qui nous faisons tant de mal, comme si elle était un être sensible douée de raison, ressemble à s’y méprendre à la conception d’un Dieu à qui nous devons tout. Ils nous promettent (sans doute à juste titre) l’apocalypse, l’enfer si nous continuons dans notre comportement diabolique. Ils nous encouragent (également à juste titre) à la frugalité et à bannir la modernité. Inscrits dans cette démarche, nos meilleurs écologistes, comme Corinne LEPAGE ou Michèle RIVASI par exemple, voient dans les créations humaines le Mal et au contraire, dans tout ce qui nait de la nature, le Bien.

Ainsi, un OGM, cette création de l’homme, cet être maléfique qui passe son temps à pêcher par hybris (se prendre pour un Dieu), est-forcément mauvais car “contre-nature”. La manipulation du vivant est par définition un péché mortel. Un OGM est donc automatiquement toxique. Il n’y a pas de débat. En revanche, vous pouvez manger une amanite phalloïde, puisqu’elle a été créée par notre mère à tous : la terre. Pour justifier cette toxicité des OGM, nos écologistes sombrent dans l’obscurantisme le plus total, en utilisant des arguments pseudo-scientifiques, la fin justifiant les moyens, comme autrefois on démasquait l’hérétique.

Rappelons que la France paye tous les ans des amendes aux Américains sur la question des OGM : la France bloque en effet l’importation des OGM sans avoir pu démontrer leur toxicité ce qui est la définition du protectionnisme.

L’objet de cet article n’est pas de trancher sur la toxicité des OGM, mais d’illustrer, par l’exemple de l’étude SERALINI, comment des écologistes peuvent faire preuve de mauvaise foi ; mauvaise foi qu’ils ne se privent pas de condamner chez leurs adversaires.

L’étude de SERALINI sur les OGM

Le cas le plus spectaculaire de ce biais cognitif est l’utilisation, sincère ou pas, de l’étude de SERALINI, publiée en 2012 par la Food and chemistry Toxicology, avant que cette dernière ne la retire.

Gilles-Eric SERALINI, de l’Université de Caen avait alors montré des clichés spectaculaires de tumeurs chez des rats nourris aux OGM. CQFD !

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Tumeurs chez les rats – étude SERALINI

Gilles-Eric SERALINI est le Président du Conseil scientifique du CRIIGEN (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique), association violemment anti-OGM. Aujourd’hui, la communauté scientifique condamne les résultats de cette étude.

Les limites de l’étude (par Cancer et Environnement)

  • L’étude a porté sur 200 rats, divisés en 10 groupes de 10 rats mâles et 10 groupes de 10 rats femelles ; échantillons trop faible pour tirer des résultats statistiquement significatifs ;
  • La souche de rats choisis est connue développer fréquemment des tumeurs : 5 rats femelles sur 10 du groupe contrôle, nourris sans OGM ni pesticides, ont eux aussi développés des tumeurs mammaires ; chez les rats mâles, le nombre de tumeurs dans le groupe contrôle est même supérieur au nombre de tumeurs dans les groupes nourris avec différentes quantités de maïs OGM traités avec du Round Up ;
  • L’étude a bénéficié du soutien financier du CRIIGEN, association anti-OGM, et s’accompagne d’une campagne de communication singulière. Un conflit d’intérêt n’est pas à exclure, le premier auteur, connu pour ses opinions anti-OGM, étant le président du Conseil scientifique de l’association ayant financé l’étude. Ce type de conflit d’intérêt est habituellement reproché aux industriels, mais est tout aussi critiquable dans le sens inverse.
  • Les auteurs ne précisent pas le régime d’alimentation des rats en dehors des OGM et des pesticides. Par ailleurs, il est connu que les rats nourris trop abondamment ou avec un maïs contaminé avec un champignon commun font plus facilement des cancers. Les auteurs ne font aucune mention de la recherche de ce champignon.