
FACE À L’URGENCE CLIMATIQUE
Si la prise de conscience générale sur les sujets climatiques a indéniablement fait un bond ces dernières années, et qu’on peut parfois entendre que « l’écologie a gagné la bataille culturelle », la traduction massive en actes n’est toujours pas à l’ordre du jour. L’un des symptômes du retard au démarrage de la transition est une certaine tendance à considérer que l’action doit prendre place «ailleurs que chez soi », tout en revendiquant parfois une action prétendument suffisante à sa propre échelle. Les différentes catégories d’acteurs se renvoient la balle ; les pouvoirs publics, les entreprises, le monde financier, les citoyens, le monde associatif : chacun tend à justifier la lenteur de l’action en pointant du doigt les responsabilités et les manquements des autres. L’empreinte carbone moyenne des Français, qui s’élevait à 10,8 tonnes de CO2 en 2017, doit baisser d’environ 80% d’ici 2050 pour parvenir aux 2 tonnes de CO2 par an compatibles avec l’Accord de Paris. À quelle hauteur l’action individuelle peut-elle ou doit-elle, contribuer à cet objectif ?
La question de la responsabilité de la réduction revient souvent sur la table. Les différentes catégories d’acteurs se renvoient la balle ; les pouvoirs publics, les entreprises, le monde financier, les citoyens, le monde associatif : chacun tend à justifier la lenteur de l’action en pointant des responsabilités et des manquements.
Nous avons établi une liste d’une douzaine d’actions relevant de la seule volonté d’un individu, en agrégeant « petits gestes du quotidien » (acheter une gourde, équiper son logement de lampes LED…) et changements de comportement plus ambitieux (manger végétarien, ne plus prendre l’avion, faire systématiquement du covoiturage…). Ces actions sont toutes réalisables sans aucun investissement.
Nous avons ensuite regardé ce qu’il était possible d’espérer en termes de baisse de l’empreinte carbone si un Français activait conjointement et
systématiquement l’ensemble de ces actions, tous les jours de l’année. Il en ressort que la baisse serait de l’ordre de -25%.
Cette hypothèse maximaliste a le mérite de mettre en lumière deux résultats importants :
1. D’abord, l’impact de l’action individuelle n’est pas du tout négligeable – à condition de ne pas se cantonner à des actions symboliques et marginales. Parmi les actions individuelles à plus fort impact, le passage d’un régime carné à un régime végétarien représente à lui seul une baisse d’environ 10% de l’empreinte carbone totale d’un individu.
2. Mais force est de constater que même un comportement « héroïque » généralisé ne peut permettre une baisse suffisante pour respecter l’objectif 2°C de l’Accord de Paris, laquelle demande de faire disparaître 80% des émissions actuelles (au sens de l’empreinte carbone). Si l’on considère par ailleurs que, en cas d’exhortation généralisée à l’action, tous les Français seront loin d’activer l’ensemble des leviers, ce que l’on peut attendre de mieux de la part de ces changements de comportement individuels serait plutôt de l’ordre d’une baisse de -5% à -10% de l’empreinte carbone moyenne.
L’IMPACT RÉEL DES GESTES INDIVIDUELS SUR L’EMPREINTE CARBONE DES FRANÇAIS
Face au besoin d’action rapide et efficace, la responsabilité des consommateurs et l’écocitoyenneté est souvent le premier constituant du discours médiatique. Ce sont d’abord l’individu et les ménages qui devraient adopter sans tarder un ensemble de gestes écologiques, et qui pourraient permettre de commencer à changer la donne au regard des
objectifs climatiques. Pour un Français moyen, l’impact probable des changements de comportement individuels pourrait stagner autour de 5 à 10% de baisse de l’empreinte carbone.
L’explication la plus directe à fournir est que l’enjeu climatique est d’ordre systémique : il dépasse largement la sphère individuelle.
Nous sommes tout bonnement limités par le
« système », c’est à dire l’environnement
social et technique dont nous avons hérité,
bâti sur la promesse d’une énergie fossile
bon marché et illimitée. Nos équipements
sont énergivores et consomment du CO2. Si
la sobriété est est essentielle, elle ne peut être le
seul levier.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.