Libéral comme John Stuart MILL

Une croissance raisonnée.

John Stuart Mill est né avec le XIXème siècle, dans une Angleterre en plein essor industriel, organisée autour du capitalisme tout-puissant qui grossissait les rangs du prolétariat. La société s’interrogeait alors sur le bien-fondé du libéralisme ; certains y voiyait la source de toutes les inégalités, d’autres, le moyen de sortir le petit-peuple de la pauvreté.

Adam Smith, au siècle précédent, dans la Richesse des Nations, avait montré tout l’intérêt du libre-échange, notamment entre les Nations, qu’il voyait comme le moyen le plus efficace pour produire des richesses. Il avait montré que l’intérêt personnel est une des caractéristiques qui pilote le comportement de tout être humain. Aussi, convenait-il d’organiser la société autour de cette évidence :

Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de leurs besoins dont nous leur parlons, c’est toujours de leur avantage. Adam SMITH

Utilitariste comme John Stuart MILL

John Stuart Mill publia Principes d’économie politique en 1848, date de la publication du Manifeste du parti communiste de Marx. Les théories socialistes (incarnées par MILL) et communistes (incarnée par MARX) se rencontraient ainsi par livres interposés, en pleine agitation révolutionnaire. John Stuart Mill y reprit les principes de l’utilitarisme de Jérémy BENTHAM : Une loi fait forcément des mécontents. Elle est donc qualifiée de “mauvaise loi” par une partie de la population. Aussi le législateur se trouve-t-il face à un cruel dilemme : comment savoir si une loi est (globalement) bonne ? L’utilitarisme est alors présenté comme une sorte d’aide à la décision ; une loi, selon cette théorie, est “bonne” si elle apporte le plus grand bonheur au plus grand nombre. C’est une sorte d’arythmétique du bonheur.

L’utilitarisme est le principe qui approuve ou désapprouve toute action en accord avec la tendance à augmenter ou à diminuer le bonheur de la partie dont l’intérêt est en question. Jérémy BENTHAM

Pour John Stuart Mill, l’homme doit s’attacher à fonder une société qui privilégie l’intérêt général sur l’intérêt particulier, c’est-à-dire un société contre-nature…

La seule liberté digne de ce nom est celle de travailler à notre propre bien de la manière qui nous est propre, pour autant que nous ne cherchions pas à en priver les autres ou à leur faire obstacle dans leurs efforts pour l’obtenir. John Stuart Mill

Libéral comme John Stuart MILL

John Stuart Mill reste un libéral, partisan de la libre-entreprise et de la propriété privée. Mais, dans le même temps, il pense que l’État doit jouer un rôle prépondérant pour prévenir tout accroissement inacceptable des inégalités.

La liberté de l’individu doit être ainsi bornée : il ne doit pas se rendre nuisible aux autres. John Stuart Mill

Sans la loi qui contraint la redistribution des richesses, les riches deviennent de plus en plus riches, ne reversant aux pauvres que de quoi travailler et se reproduire pour préparer la prochaine génération d’ouvriers.

Les hommes ne désirent pas être riches, mais être plus riches que les autres. John Stuart Mill

Voilà qui est révolutionnaire dans l’Angleterre de Smith qui pense que le meilleur État est celui qui reste discret, les marchés s’autorégulant, de manière optimale, grâce à une main invisible.

Pour John Stuart Mill, l’État doit agir en activant un reflux des richesses vers les basses classes grâce à l’impôt sur les riches. Il prêche donc pour une société démocratique, organisée autour du libre-échange, seule capable de produire des richesses et qui corrige ses excès par la fiscalité et l’impôt. Il est en cela un précurseur du mouvement socialiste ;

Le socialisme est la forme moderne de la protestation qui, à toutes les époques d’activité intellectuelle, s’est élevée, plus ou moins vive, contre l’injuste répartition des avantages sociaux. John Stuart Mill.

50 ans plus tard, en 1920, au congrès de Tour, le schisme apparaitra au grand jour entre les Socialistes de Léon Blum et Marcel Semba, partisans d’une réforme de la société pour la rendre plus juste et les Communistes de Marcel CACHIN partisans de la Révolution comme moyen de destruction massive de l’État existant.

Développement durable comme John Stuart MILL

John Stuart Mill ne rejette pas non-plus le capitalisme qui, selon lui, fait progresser l’humanité vers un respect mutuel entre les individus. En revanche, il ne prône pas la croissance à tous prix : il rêve d’une sorte d’état stationnaire, d’une “croissance raisonnée” qui permettrait aux hommes de vivre dignement de leur travail et de disposer de temps libre pour se consacrer à des activités non-lucratives, comme l’art ou le sport ou même la contemplation de la nature… Voilà qui séduira deux siècles plus tard Martine AUBRY et Nicolas HULOT.

Démocrate comme John Stuart MILL

Il devrait y avoir en toute constitution un centre de résistance contre le pouvoir prédominant, et par conséquent dans une constitution démocratique un moyen de résistance contre la démocratie. John Stuart Mill.

Féministe comme John Stuart MILL

Toutes les tendances égoïstes qu’on trouve chez les hommes, le culte de soi et le mépris des autres, prennent leur source dans l’organisation actuelle des relations entre les hommes et les femmes. John Stuart Mill.