Un peu de poésie par Justfil

Les goélands

D’inquiétantes ailes blanches rodent sur l’Atlantique

Tournent dans les nuages noirs menaçants, frénétiques

Elles inondent les longs quais solides et fiers du port

De plaintes terrifiantes de prophètes de la mort

Soudain, bravant la houle, d’un bel hiver précoce

Un chalutier usé par l’océan féroce

Se dessine sur la berge rocheuse du grand phare blanc

Traînant derrière lui le repas des goélands

Plantées sur les toits

Affamés par le froid

A l’affût des chalutiers

Ramenés par la marée

Les belles ailes blanches ensemble frénétique

Attirées comme des mouches par le banc hypnotique

Des poissons gras et tendres qui frétillent sous les eaux

De l’étendue ridée par le vent et les flots

La nuée gigantesque de mille oiseaux furieux

Se jette sur le maigre banc des pauvres malchanceux

Maquereaux et merlans, orphies et raies bouclées

Sortis de l’eau par les becs jaunes aiguisés

Plantées sur les toits

Affamés par le froid

A l’affût des chalutiers

Ramenés par la marée

Les ventres repus et lourds maintenant se replient

Sur les ardoises luisantes fracassées par la pluie

Le ciel retrouve enfin son repos hivernal

Superbe indifférence du port de la Turballe